Il pleut !

 Cliquez ici pour entendre l'air, dans un fichier midi emprunté à une page du site Tapartoche

L'auteur (Noé Lamech à l'époque) du blog Gadlu.info a publié le texte de cette chanson, qu'il dit avoir découverte à l'occasion d'une visite dans une Loge du Lot.

L'air de référence est évidemment le très célèbre Il pleut, il pleut, bergère de Simon sur un texte de Fabre d'Eglantine.

Il pleut

Nous sommes à couvert, ou la Loge est couverte, signifie conventionnellement nous sommes entre nous. Expression quelque peu paradoxale si l'on se rappelle que la seule couverture possible de la Loge est ... la voûte étoilée, qui en exclut toute autre ; mais on sait que le langage maçonnique n'en est pas à de tels paradoxes près ... 

Sans couverture, il risque de pleuvoir, et la phrase il pleut est conventionnellement le signal d'alerte donné aux autres maçons quant à la présence de profanes.

Elle semble immémoriale.

Aux pp. 58-9 de la divulgation bien connue de 1748, l'Anti-maçon, on peut déjà lire :

  • D. Si un Profane se glissoit dans la Loge, que faut-il dire pour en avertir les Frères ?

  • R. On doit dire, il pleut.

On trouve la même explication à la p. 29 du Secret des Francs-Maçons de Perau.

Il est possible que cet usage soit lié au traitement qui était infligé aux profanes trop curieux.

Un couplet d'une chanson très répandue au XVIIIe moque l'impossibilité pour les profanes de comprendre (particulièrement lors des banquets) le langage codé des maçons :

S'il pleut, alors tout est mistère,
Jusqu'à la poudre et jusqu'au feu,
Et nos armes sont de l'hébreu,
Pour tout autre qu'un de nos frères,
Chantons, &c. 

En 1810, on lit dans le Vocabulaire des francs-maçons (pp. 67-8) :

PLEUVOIR. On ne se sert de ce verbe en maçonnerie, que dans ce sens : II pleut, c'est-à-dire qu'il y a, dans l'assemblée, des profanes.
Quand plusieurs maçons parlent ensemble de la maçonnerie, et que des profanes les entendent, celui qui s'en aperçoit le premier en avertit les autres en disant : Il pleut.

Tschoudy pour sa part rapporte qu'on disait il neige quand le profane repéré était de sexe féminin.

 

Il pleut, il pleut, mes Frères,
Baissons un peu le ton,
Gardons notre mystère,
Protégeons nos maillons !
Travaillons en silence
Pour que la vérité
l’Amour et la Vaillan-ance
Soient toujours célébrés.

***

Nous ne savons pas lire :
Seulement épeler …
C’est un péché de dire
Ce que l’on doit cacher.
Le temple nous protège.
N’allons pas le trahir,
Attention aux manè-èges
Qui nous feraient mourir…

***

Lorsque sur la colonne
Où, la bouche fermée,
Nous attendions que sonne
Le deuxième degrè,
Nous avons pu apprendre
La valeur du secret.
Ne laissons pas surpren-endre
Gestes et mots sacrès !

***

Et nous faisons la chaîne
Sans jamais la briser
Pour qu’elle nous apprenne
La solidarité
Nous travaillons sans trêve
De midi à minuit
Et nous laissons le rê-êve
Chanter dans nos esprits !

***

FINAL

Il pleut, il pleut, mes Frères
Baissons un peu le ton
Gardons notre mystère,
Protégeons nos maillons !

***

Allumons nos lumières,
Nouons nos tabliers
Et taillons notre pie-erre
Dans la FRATERNITE !

Faute de connaître la date de cette chanson, nous l'avons rangée, à tout hasard, parmi celles du XXe.

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