An die Freude 

 Cliquez ici pour entendre le fichier de cette partition, séquencé par Christophe D.

 

Schiller, qui est un des principaux classiques de la littérature allemande, est l'auteur en 1785 de l'Ode à la joie (An die Freude) qui a été immortalisée par Beethoven dans le dernier mouvement de sa 9e symphonie.

Ce poème connut un grand succès, notamment dans les milieux maçonniques, et connut de très nombreuses adaptations musicales : Basso recense (p. 425) 40 partitions différentes (parmi lesquelles celle de Schubert), dont une bonne part remontent au XVIIIe siècle, et nous savons que sa liste n'est pas complète.

De nombreux chansonniers allemands de l'époque reproduisent le texte de Schiller. C'est le cas par exemple d'un chansonnier profane, les Lieder geselliger Freude (Leipzig 1796) de Reichardt, avec une partition (n° 34, pp. 76-80) dont la table indique qu'elle est de Reichardt lui-même. Cette partition et ce texte seront reproduits tels quels (mais sans mention d'auteur) en 1812 dans un chansonnier maçonnique, le recueil Zwey und sechzig Freymaurer-Lieder mit Melodien Zum Gebrauch der Loge zu den drey Degen in Halle, aux pp. 62-5.

Par contre, le texte qui figure dans les chansonniers maçonniques est souvent (comme celui qui fait l'objet de la présente page) une variante (exemple) du texte de Schiller ; cette version maçonnique présente (en tout ou en partie) quelques différences, particulièrement (outre des différences de ponctuation non significatives) :

Ces différences ne se retrouvent pas dans le texte utilisé par Beethoven, qui par contre introduira un changement important à l'avant-dernier vers du 1er couplet, lequel devient le célèbre Alle Menschen werden Brüder (tous les hommes deviennent frères) au lieu de Bettler werden Fürstenbrüder (les mendiants deviennent les frères des princes), dont l'esprit rappelle le Brother to a King, fellow to a Prince, and companion to a peasant maçonnique.

Voici donc, sur ce texte modifié, la version de Hurka, qui figure :

Nous ne reproduisons pas la partition (celle-ci est en effet consultable sur des sites dont la permanence semble suffisamment assurée puisqu'ils émanent d'institutions), mais seulement sa première page (chez Hurka) :

En fait cette partition figurait déjà (mais cette fois avec le texte original de Schiller) dans le recueil (profane) Scherz und Ernst in XII. Liedern publié par Hurka (p. 20 d'une édition estimée de 1800 environ ; la deuxième édition date de 1789 comme on le voit à cette recension et la première de 1788 comme on le voit ici au n° 299).

texte de Schiller

1.

Freude, schöner Götterfunken,
Tochter aus Elisium,
Wir betreten feuertrunken
Himmlische, dein Heiligthum.
Deine Zauber binden wieder,
was der Mode Schwerd getheilt;
Bettler werden Fürstenbrüder,
wo dein sanfter Flügel weilt.

Chor.

Seid umschlungen Millionen!
Diesen Kuß der ganzen Welt!
Brüder – überm Sternenzelt
muß ein lieber Vater wohnen.

2.

Wem der große Wurf gelungen,
eines Freundes Freund zu seyn;
wer ein holdes Weib errungen,
mische seinen Jubel ein!
Ja – wer auch nur eine Seele
sein nennt auf dem Erdenrund!
Und wer’s nie gekonnt, der stehle
weinend sich aus diesem Bund!

Chor.

Was den großen Ring bewohnet
huldige der Simpathie!
Zu den Sternen leitet sie,
Wo der Unbekannte tronet.

3.

Freude trinken alle Wesen
an den Brüsten der Natur,
Alle Guten, alle Bösen
folgen ihrer Rosenspur.
Küße gab sie uns und Reben,
einen Freund, geprüft im Tod.
Wollust ward dem Wurm gegeben,
und der Cherub steht vor Gott.

Chor.

Ihr stürzt nieder, Millionen?
Ahndest du den Schöpfer, Welt?
Such’ ihn überm Sternenzelt,
über Sternen muß er wohnen.

4.

Freude heißt die starke Feder
in der ewigen Natur.
Freude, Freude treibt die Räder
in der großen Weltenuhr.
Blumen lockt sie aus den Keimen,
Sonnen aus dem Firmament,
Sphären rollt sie in den Räumen,
die des Sehers Rohr nicht kennt!

Chor.

Froh, wie seine Sonnen fliegen,
durch des Himmels prächtgen Plan,
Laufet Brüder eure Bahn,
freudig wie ein Held zum siegen.

5.

Aus der Wahrheit Feuerspiegel
lächelt sie den Forscher an.
Zu der Tugend steilem Hügel
leitet sie des Dulders Bahn.
Auf des Glaubens Sonnenberge
sieht man ihre Fahnen wehn,
Durch den Riß gesprengter Särge
sie im Chor der Engel stehn.

Chor.

Duldet mutig Millionen!
Duldet für die beßre Welt!
Droben überm Sternenzelt
wird ein großer Gott belohnen.

6.

Göttern kann man nicht vergelten,
schön ists ihnen gleich zu seyn.
Gram und Armut soll sich melden
mit den Frohen sich erfreun.
Groll und Rache sei vergessen,
unserm Todfeind sei verziehn.
Keine Thräne soll ihn pressen,
keine Reue nage ihn.

Chor.

Unser Schuldbuch sei vernichtet!
ausgesöhnt die ganze Welt!
Brüder – überm Sternenzelt
richtet Gott wie wir gerichtet.

7.

Freude sprudelt in Pokalen,
in der Traube goldnem Blut
trinken Sanftmut Kannibalen,
Die Verzweiflung Heldenmut 
Brüder fliegt von euren Sitzen,
wenn der volle Römer kraißt,
Laßt den Schaum zum Himmel sprützen:
Dieses Glas dem guten Geist.

Chor.

Den der Sterne Wirbel loben,
den des Seraphs Hymne preist,
Dieses Glas dem guten Geist,
überm Sternenzelt dort oben!

8.

Festen Mut in schwerem Leiden,
Hülfe, wo die Unschuld weint,
Ewigkeit geschwornen Eiden,
Wahrheit gegen Freund und Feind,
Männerstolz vor Königstronen, –
Brüder, gält’ es Gut und Blut –
Dem Verdienste seine Kronen,
Untergang der Lügenbrut!

Chor.

Schließt den heilgen Zirkel dichter,
schwört bei diesem goldnen Wein:
Dem Gelübde treu zu sein,
schwört es bei dem Sternenrichter!

9.

Rettung von Tirannenketten,
Großmut auch dem Bösewicht,
Hoffnung auf den Sterbebetten,
Gnade auf dem Hochgericht!
Auch die Toden sollen leben!
Brüder trinkt und stimmet ein,
Allen Sündern soll vergeben,
und die Hölle nicht mehr seyn.

Chor.

Eine heitre Abschiedsstunde!
süßen Schlaf im Leichentuch!
Brüder – einen sanften Spruch
Aus des Todtenrichters Munde!

traduction du texte de Schiller

1.

Ô Joie, belle étincelle divine,
Fille de l’Elysée,
Nous pénétrons, ivres de feu,
ô céleste, dans ton sanctuaire !
Tes charmes réunissent
Ce que la mode sépare ;
Les mendiants deviennent les frères des princes
Là où se déploie ton aile clémente.

Le Chœur

Soyez enlacés par millions !
Qu’un seul baiser enlace l’univers !
Frères ! au-dessus la voûte étoilée
doit résider un père bien-aimé.

2.

Que celui qui a l’inestimable bonheur
d’être l’ami d’un ami ;
Que celui qui a conquis une épouse accorte,
mêle son allégresse à la nôtre !
Oui – et aussi que celui qui n’a qu’une âme 
soit appelé de par la terre entière!
Et celui qui n’a jamais connu cela, 
qu'il s’éloigne en pleurant de notre cercle !

Le Chœur

Que tout ce qui habite le globe
Rende hommage à la sympathie !
Ils aspirent jusqu’aux étoiles,
Où trône l’Inconnu.

3.

Tous les êtres boivent la joie
aux seins de la nature,
Tous les bons, tous les méchants,
Suivent sa trace parsemée de roses.
Elle nous a donné des baisers et la vigne,
un ami fidèle jusqu’à la mort.
Le vermisseau lui-même participe à cette volupté,
et le chérubin se tient devant Dieu.

Le Chœur

Vous vous prosternez par millions ?
Monde, pressens-tu ton créateur ?
Cherchez-le au-dessus de la voûte étoilée,
C’est au-dessus des étoiles qu’il doit habiter.

4.

La joie est un ressort puissant
dans l’éternelle nature.
La joie, la joie fait tourner les rouages
Dans la grande horloge du monde.
Elle fait sortir les fleurs de leurs bourgeons,
Briller le soleil au firmament,
Rouler dans l’espace les sphères
Que l’astronome ne connaît pas.

Le Chœur

Joyeux, comme son soleil qui vole,
à travers les splendides plaines du ciel,
Hâtez-vous frères,
joyeusement comme le héros qui court à la victoire.

5.

Du miroir étincelant de la vérité
La joie sourit à celui qui la cherche.
Vers le colline escarpée de la vertu
elle dirige le pas des victimes.
Au sommet de montagnes de la foi
On voit flotter sa bannière,
A travers l’ouverture des sépulcres brisés 
elle se tient dans le chœur des anges.

Le Chœur

Souffrez courageusement millions d’êtres !
Souffrez pour un monde meilleur !
Frères, au-dessus de la voûte étoilée
un puissant Dieu vous récompensera.

6.

On ne peut récompenser les Dieux,
Il est beau de leur ressembler.
Que les pauvres et les affligés se mêlent,
et avec les joyeux se réjouissent.
Que le ressentiment et la vengeance soient oubliés,
et notre ennemi mortel pardonné.
Que nulle larme ne fatigue ses yeux,
Que nul remords ne le ronge.

Le Chœur

Anéantissons le souvenir des offenses !
que soit réconcilié le monde entier !
Frères- au-dessus de la voûte étoilée
Dieu juge comme nous jugeons.

7.

La joie explose dans nos verres,
dans le sang doré des raisins
Les Cannibales puisent la douceur,
Le désespoir y puise du courage.–
Frères, levez-vous de vos sièges,
Lorsque vous partagerez la chope remplie,
Laissez jaillir au ciel l’écume de l'énivrante boisson  :
Offrez ce verre au bon génie.

Le Chœur

À celui que les astres célèbrent,
À celui que chante l’hymne du Séraphin !
Ce verre pour le bon génie,
au-dessus de la voûte étoilée !

8.

Ferme courage dans les grandes souffrances,
Secours à l’innocence en pleurs,
Eternité des serments prêtés,
Vérité envers l’ami et l’ennemi,
Virile fierté devant les trônes des rois, –
Frères, il faut sacrifier nos biens et notre vie, –
Au mérite sa couronne,
et déshonneur au mensonge !

Le Chœur

Fermez le cercle sacré,
jurez par ce vin doré :
Soyez fidèle à vos serments,
jurez-le devant le céleste souverain !

9.

Rupture des chaînes de la tyrannie,
Générosité pour le méchant,
Espoir sur le lit de mort,
Miséricorde au jugement final !
Les morts aussi doivent vivre !
Frères buvez et répétez,
Que tous les pécheurs soient pardonnés,
et que l’enfer ne soit plus.

Le Chœur

Une dernière heure joyeuse !
un doux sommeil dans le tombeau !
Frère – une douce sentence 
De la bouche du Juge des morts !

texte chez Hurka

1.

Freude, schöner Götterfunken, 
Tochter aus Elisium, 
wir betreten
Wonnetrunken,
Himmlische, dein Heiligthum. 
Deine Zauber binden wieder, 
was der Mode Schwerd getheilt, 
Bettler werden Fürstenbrüder, 
wo dein sanfter Flügel weilt.

Chor.

Seid umschlungen, Millionen, 
diesen Kuß der ganzen Welt! 
Brüder, überm Sternenzelt 
muß ein lieber Vater wohnen.

2.

Wem der große Wurf gelungen, 
Eines Freundes Freund zu seyn, 
Wer ein holdes Weib errungen,
Mische seinen Jubel ein. 
Ja, wer auch nur eine Seele 
Sein nennt, auf dem Erdenrund, 
Und wer's nie gekonnt, der stehle 
Weinend sich aus diesem Bund.

Chor.

Was die große Welt bewohnet,
Huldige der Simpathie, 
Zu den Sternen leitet sie, 
Wo der Unbekannte thronet.

3.

Freude trinken alle Wesen 
Von der gütigen Natur, 
Alle Guten, alle Bösen 
Folgen ihrer Rosenspur. 
Küsse gab sie uns und Reben, 
Einen Freund, geprüft im Tod, 
Wollust ward dem Wurm gegeben, 
Und der Cherub steht vor Gott.

Chor.

Ihr stürzt nieder Millionen! 
Ahndest du den Schöpfer, Welt? 
Such ihn überm Sternenzelt,
Über Sternen muß er wohnen.

4.

Freude heißt die starke Feder 
In der ewigen Natur,
Freude, Freude treibt die Räder
In der großen Weltenuhr. 
Blumen lockt sie aus den Keimen, 
Sonnen aus dem Firmament, 
Sphären rollt sie in den Räumen, 
Die des Sehers Rohr nicht kennt.

Chor.

Froh, wie seine Sonnen fliegen 
Ddurch des Himmels prächt'gen Plan, 
Laufet, Brüder, eure Bahn 
Freudig, wie ein Held zum Siegen.

5.

Aus der Wahrheit Feuerspiegel 
Lächelt sie den Forscher an, 
Zu der Tugend steilem Hügel 
Leitet sie des Dulders Bahn. 
Auf des Glaubens Sonnenberge 
Sieht man ihre Fahnen wehn, 
Durch den Riß gesprengter Särge 
Sie im Chor der Engel stehn.

Chor

Duldet muthig, Millionen, 
Duldet für die bessre Welt:
Droben, überm Sternenzelt, 
Wird ein großer Gott belohnen.

6.

Göttern kann man nicht vergelten. 
Schön ist's, ihnen gleich zu seyn! 
Gram und Armuth soll sich melden, 
Mit den Frohen sich zu freun. 
Groll und Rache sey vergessen, 
Unserm Todfeind sey verziehn, 
Keine Thräne soll ihn pressen,
Keine Rette nage ihn.

Chor.

Unser Schuldbuch sey vernichtet,
Ausgesöhnt die ganze Welt.
Brüder! überm Sternenzelt, 
Richtet Gott, wie wir gerichtet.

7.

Freude sprudelt in Pokalen, 
In der Traube goldnem Blut 
Trinken Sanftmuth Kannibalen, 
Die Verzweiflung Heldenmut. 
Brüder! fliegt von euren Sitzen, 
Wenn der volle Römer kreist, 
Laßt den Schaum zum Himmel spritzen,
Dieses Glas dem guten Geist!

Chor.

Den der Sterne Wirbel loben, 
Den des Seraphs Hymne preist, 
Dieses Glas dem guten Geist 
Überm Sternenzelt dort oben.

8.

Festen Muth in schweren Leiden, 
Hülfe, wo die Unschuld weint, 
Ewigkeit geschwornen Eiden, 
Wahrheit gegen Freund und Feind. 
Mannerstolz vor Königsthronen, 
Brüder! gält' es Gut und Blut; 
Dem Verdienste seine Kronen, 
Untergang der Lügenbrut.

Chor.

Schließt den heil'gen Zirkel dichter! 
Schwört bei diesem goldnen Wein, 
Dem Gelübde treu zu seyn.
Schwört es, bei dem Sternenrichter.

9.

Rettung von des Kerkers Ketten
Großmuth auch dem Bösewicht, 
Hoffnung auf den Sterbebetten, 
Gnade auf dem Hochgericht! 
Auch die Todten sollen leben!
Brüder! trinkt, und stimmet ein: 
Allen Sündern soll vergeben 
Und die Hölle nicht mehr seyn.

Chor.

Eine heitre Abschiedsstunde,
Süßen Schlaf im Leichentuch, 
Brüder! einen sanften Spruch 
Aus des Todtenrichters Munde.

Freimaurer Kantaten & Lieder

Retour au recueil de Hurka :

Retour au sommaire du Chansonnier :