Cantique du Frère Pingré
En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez l'air 393 de la Clé du Caveau
En cliquant ici (midi) ou ici (MP3), vous entendrez l'air de Muse des bois et des accords champêtres
Le Frère Pingret mentionné comme auteur de ce cantique est évidemment le chanoine Pingré (1711-1796), savant éminent et estimé dignitaire du Grand Orient, effectivement membre en son temps de L'Etoile Polaire.
L'édition reproduite ci-dessous est celle du recueil (postérieur à 1810) de la Paix Immortelle (pp. 73-5), mais il y en eut d'autres, ce qui montre que, pour être publié à plusieurs reprises quelques années après le décès de l'auteur, ce cantique devait avoir marqué les esprits.
On le trouve en effet aussi, au même moment et presque à l'identique, dans la Lyre maçonnique pour 1810 (pp. 59-62), avec le même nom d'auteur (Pingret), sous le titre Le sort des francs-maçons, cantique par trois fois trois couplets, et avec la mention d'air Muse des bois et des échos champêtres. Ce titre doit sans doute être corrigé en Muse des bois et des accords champêtres.
La Lyre des francs-maçons reprendra en 1830 (pp. 220-2) cette version.
Mais une édition antérieure est en 1804 dans le recueil de Desveux, sous le titre Cantique par le Frère Pingret, et avec, comme ci-dessous, la mention d'air Mon petit coeur, etc.
Nous en avons trouvé encore une plus ancienne - la première à notre connaissance - dans le volume 1 du Miroir de la Vérité d'Abraham (pp. 355-7), avec une autre mention d'air : Mon honneur dit que je serais coupable. Cette version originale présente quelques légères différences avec celle ci-dessous (au couplet 8, Un grand seigneur souvent nous rend visite au lieu de Un intrigant souvent nous rend visite ; au couplet 9, Hélas ! pour lui ce n'est pas un grand bien au lieu de Je ne vois pas que ce soit un grand bien).
Il est ici donné une petite leçon classique de morale maçonnique, tout en rendant hommage à la grande valeur des Lumières, la raison, des fleurs de laquelle il convient de décorer son langage.
Il n'est pas facile d'identifier l'air mentionné Mon petit coeur, etc.
La Clé du Caveau donne, sous le n° 393, Mon petit coeur à chaque instant soupire (avec le titre alternatif Mon honneur dit que je serais coupable, ce qui en fait l'hypothèse la plus vaisemblable) et, sous le n° 331, Mon p'tit coeur, vous ne m'aimez guère. Mais Mon petit coeur de quinze ans est aussi un extrait de la parodie par Favart (1740) du Pirame et Thisbé de Rebel et Francoeur et Favart a réutilisé cet air ailleurs, notamment dans Acajou.
A noter, sur notre exemplaire, une indication manuscrite (d'un air alternatif ?), sans doute d'époque, que nous croyons pouvoir lire comme Je la connus au printemps (mais nous n'avons pas trouvé d'air de ce titre ou incipit).
D'après le (très antimaçonnique) ouvrage (1964) de Charles Maillier, Les Loges maçonniques drouaises, le 2e couplet de ce cantique fut chanté en 1826 au Banquet de la Saint-Jean d'Eté de la Loge Le triomphe d'Henry IV.
Cinq couplets de cette chanson seront republiés en 1835, sous le titre Le sort des francs-maçons mais sans mention d'air ni d'auteur, aux colonnes 489-90 de l'Univers maçonnique.
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CANTIQUE Par le Frère Pingret, Vénérable de la Respectable Loge de l'étoile Polaire, à l'Orient de Paris. Air : Mon petit coeur, etc.
1 Peindre
le vice avec gaze légère,
2 Chanter d'amour la flamme enchanteresse,
3 Par des soupirs dompter une cruelle,
4 Pour
s'afficher avoir une maîtresse,
5 De ses trésors faire un vain étalage,
6 Par des fadeurs
essayer l'art de plaire,
7 Vivre sans
frein et braver la critique,
8 Un grand
seigneur souvent nous rend visite,
9 L'avare dit : je chéris la richesse ; |