Couplets pour la Constante Amitié

Cliquez ici pour entendre cet air, séquencé par Christophe D.

 

Cet imprimé est conservé, sous la cote FN Br C 893, dans les collections de la Bibliothèque de Caen, qui nous nous en a communiqué un cliché et nous a accordé l'aimable autorisation d'en faire usage pour ce site.

Le cantique qu'il contient est l'oeuvre du Frère Le Bariller (que nous n'avons pu identifier) pour les paroles et du Frère Rossy pour la musique et a été chanté au solstice d'été 1828 de la Loge caennaise de la Constante Amitié.

On remarquera au dernier couplet le vers Contre nous Rome a conjuré l'orage (NB : conjurer doit être pris ici, non dans le sens de détourner, mais dans celui - quelque peu vieilli - de projeter par complot, comme dans l'expression conjurer la ruine de quelqu'un). Il fait manifestement allusion aux relations de plus en plus tendues à l'époque entre l'Eglise et la Franc-maçonnerie.

Une tension croissante

Après la signature du Concordat napoléonien en 1801, les loges avaient progressivement été désertées par les religieux qui - la bulle in Eminenti de Clément XII en 1738 étant restée inopérante en France où elle n’avait pas été proposée à l’enregistrement du Parlement - y étaient nombreux au XVIIIe, et le modus vivendi établi en France entre l'Eglise et la maçonnerie avait commencé à se fissurer. Par ailleurs, la montée de l’ultramontanisme avait entraîné par réaction, dans la bourgeoisie libérale dont la place dans les loges allait croissant, des manifestations, non certes d’antireligion, mais bien - ce qui est bien différent - d’anticléricalisme.

D'autre part, la papauté, sans encore manifester la virulence atteinte en 1865, avait donné de nouveaux signes d'hostilité à la maçonnerie : Bulle Ecclesiam a Jesu Christo en 1821, lettre apostolique Quo Graviora en 1825. Sans parler explicitement de maçonnerie, l'Encyclique Mirari Vos de 1832 allait condamner la liberté de conscience et la liberté de la presse, funeste et exécrable, et approuver l'autodafé des mauvais livres.

Dans le même esprit, on avait déjà chanté à Bruges en 1818 :

On vit parfois au Vatican
Etinceler la foudre ;
C'est vainement que ce volcan
Veut nous réduire en poudre.

Aimable paix de la terre exilée,
toi que j'invoque en cet auguste jour,
Descends des cieux par nos voeux rappelée,
dans nos parvis viens fixer ton séjour. (bis)

 

 

Ah dans ton sein que chacun se rallie,
Chez les maçons il n'est pas d'ennemis.
J'entends ta voix c'est elle qui nous crie
Enfants d'Hiram soyez toujours unis. (bis)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2

Oui, je le sens, tout homme est notre frère ;
Oui, comme à nous, la terre est son berceau :
Le temps s'enfuit, nous passons, et la terre
Nous réunit dans un commun tombeau. (bis)
Ah ! de la haine abjurant la folie,
Coulons en paix des jours sitôt finis.
J'entends sa voix, la sagesse nous crie :
Enfants d'Hiram soyez toujours unis (bis)

3

Faibles roseaux, jouets de la tempête,
Nous serons forts une fois rassemblés ;
C'est à ce jour que, levant notre tête,
Il pâliront ... les méchants, consternés (bis)
Que pour jamais la chaîne qui nous lie
Nous réunisse en ses triples replis.
J'entends sa voix, la prudence nous crie :
Enfants d'Hiram soyez toujours unis (bis)

4

Contre nous Rome a conjuré l'orage :
Je vois partout l'épouvante et la mort.
Acacia, pressés sous ton feuillage,
Des éléments nous braverons l'effort ; (bis)
Mais si pour nous c'en est fait de la vie,
Mourons du moins au sein de nos amis.
J'entends sa voix ; oui, l'amitié nous crie :
Enfants d'Hiram soyez toujours unis. (bis)

images : © Bibliothèque de Caen/ Ph. Dartiguenave

On retrouve (pp. 77-80) le texte (avec les mêmes titre et mentions d'auteurs, mais  Le Bariller est ici orthographié Lebarillier) dans l'Appendice à l'édition 1859 des Cantiques maçonniques de Jouenne, et la partition au n° 4 des annexes au même recueil.

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