Le divertissement de la comédie les Fri-Maçons

(édition de Londres)

 

Chacune des éditions de la comédie (1737) Les Fri-Maçons de Pierre Clément se termine, comme il est d'usage à l'époque, par un divertissement chanté.

Mais ce divertissement est totalement différent entre les éditions de Londres et celle, plus tardive, de La Haye.

La présente page est consacrée à celui de l'édition de Londres que nous connaissons ; il est composé de trois parties.

 

La première est une version un peu différente d'un air (peut-être bien antérieur) qui figure également chez Naudot :

I.

De toute Antiquité
Nos maçons ont été.
Par nos Maçons le monde fut voûté.

II.

Nul n'a pénétré 
Leur signe sacré, 
Partout visible, et partout ignoré.

III.

Discret et fidèle, 
Jamais d'une belle 
Libre-Maçon ne s'est vu refusé. 
A-t-il proposé?
Autant de toisé. 
À nos Maçons tout ouvrage est aisé. 

 

Voici la deuxième :

L'AMOUR 

reçu Fri-Maçon

Fils de Vénus (1), coupe tes ailes ;
Presse tes lèvres infidèles
Du bandeau qui couvre tes yeux ;
Laisse-là ton carquois, ta flèche puérile
De ton arc, si tu peux, forme une toise utile ;
Tu seras le plus grand des Dieux.

(1) ou, selon Lemaire :  Charmant Amour dans d'autres éditions. On notera dans cette édition la faute d'impression

Sous le titre l'Amour Franc-Maçon, ce texte se retrouve (parmi les textes non destinés à être chantés et avec la qualification Madrigal) dans divers chansonniers de la 2e moitié du XVIIIe, notamment au Recueil Jérusalem 1852, à un recueil de Lausanne (p. 100) et (p. 26) au Recueil de 1782. Mais dans ces éditions toise est remplacé par toile (l'une et l'autre version sont d'ailleurs surprenantes).

Dans l'oeuvre de Clément - qui est antérieure -, il fait partie du divertissement final et semble donc bien destiné à être chanté.

C'est sans doute la première apparition du thème, largement développé par la suite, de l'Amour maçon.

 

La troisième consiste en trois couplets destinés aux principaux personnages :

COUPLETS FAITS POUR LES PERSONNAGES DE LA COMÉDIE

1. chanté par Lucile

Que me servirait de connaître 
Tous les secrets dont le grand maître 
N'enrichit que ses nourrissons? 
Je ris d'une loi qui me brave, 
D'un coup d'œil je fais mon esclave
Du plus libre des Fri-Maçons.

II. chanté par Mariane

J'ai traité de badinerie 
Toute la Fri-Maçonnerie, 
Sans savoir par quelle raison. 
On se fait un honneur d'en rire ;
Mais on sent, quoi qu'on ait pu dire, 
Qu'il n'est rien tel qu'un Fri-Maçon.

III. chanté par le grand maître

Belles qui vantez la prudence, 
Qui de mystère et de silence 
Au jeune amant faites leçon, 
Pour goûter le plaisir extrême 
De trahir vos secrets vous-mêmes, 
N'aimez jamais qu'un Fri-Maçon.

Ces 3 couplets seront republiés dans la Muse maçonne de Du Bois en 1773 sous le titre Couplets pour et contre les francs-maçons et sans mentionner leur origine.

Cette pièce a inspiré à l'abbé Aunillon un vaudeville, dont les vers sont taillés sur le même modèle que ces trois couplets.

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