L'Oncle et le Neveu
Ce cantique, intitulé L'Oncle et le Neveu, figure aux pp. 29-34 du Recueil de vers et cantiques maçonniques, improvisés et dédiés à la Respectable Loge des Arts-réunis, Orient de Rouen, par le Frère Houdard jeune en 1841.
Elle est exemplative de l'incompréhension des maçons devant l'hostilité croissante manifestée à leur égard par l'Eglise catholique et particulièrement par les membres les plus obscurantistes de son clergé. L'auteur met dans la bouche de l'oncle curé (qui fait profession de ne pas être indulgent), sermonnant son neveu maçon, les reproches traditionnellement faits à la maçonnerie :
ce sont des faux chrétiens et des vauriens qui conspirent en païens
ils prêchent l'égalité : c'est le reproche que faisait déjà l'abbé Barruel, en rappelant que le (révolutionnaire) secret de la franc-maçonnerie consiste dans ces mots : « égalité et liberté ; tous les hommes sont égaux et libres, tous les hommes sont frères »
Ils font la charité à n'importe qui (au lieu de la réserver à qui la mérite, comme c'était à l'époque l'usage en matière de bienfaisance ; ce reproche est d'ailleurs injustifié, puique la philanthropie maçonnique se voulait au XIXe aussi sélective que celle de l'Eglise ; comme l'écrivait en 1810 la Loge des Chevaliers de la Croix : seul le malheur qu'accompagnent les vertus peut inspirer à la charité un véritable intérêt).
Le trait peut passer pour un peu gros sinon caricatural ; et pourtant, ces propos sont encore bien modérés en comparaison de ceux que, quelques années plus tard, on trouvera à foison sur la maçonnerie (cette Synagogue de Satan) dans les textes d'inspiration ou d'origine catholique, à commencer par les papes eux-mêmes, comme Pie IX (en 1865, il dénoncera cette société perverse d'hommes, vulgairement appelée maçonnique, qui, contenue d'abord dans les ténèbres et l'obscurité, a fini par se faire jour ensuite, pour la ruine commune de la Religion et de la société humaine comme une secte respirant le crime) ou Léon XIII (qui dans Humanum Genus en 1884 dénonce publiquement la secte des francs-maçons comme une association criminelle et ajoute que les maçons agissent au nom du diable).
Haro sur les maçons Particulièrement illustrative de l'allergie cléricale est la savoureuse anecdote rapportée, à la date du 16 décembre 1827, par Auguste de Wargny dans le Tome VI (années 1825 à 28) des Annales chronologiques, littéraires et historiques de la maçonnerie des Pays-Bas à dater du 1er janvier 1814 (accessible via la digithèque des bibliothèques de l’Université Libre de Bruxelles), page 400 :
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La Fille de Dominique est une comédie-vaudeville en un acte (1833) de Ferdinand de Villeneuve et Charles de Livry. Il s'agit probablement ici de l'air final, qui est mentionné à la scène XIII comme étant un air d'Adam. Mais nous n'en connaissons pas de partition.
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L'ONCLE ET LE NEVEU.
ANECDOTE MISE EN COUPLETS.
ARTS-RÉUNIS. — Orient de ROUEN, 5840.
AIR : De la fille de Dominique.
Se trouvant près d'un
Temple,
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
« Entends-tu ces profanes
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
« Vos arrêts sont sévères,
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
« Ils ne parlent que guerre ;
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
« Pécheur, je t'abandonne,
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
« Adieu ; si j'en réchappe,
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
L'an dernier, le pauvre homme
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons,
Mon oncle, dans sa chaire,
CHOEUR GÉNÉRAL.
Frères à l'ordre tous, chargeons, |