LES FRANCS-MAÇONS

ODE

 

Cette Ode intitulée Les Francs-maçons figure aux pp. 59-61 de la Lyre maçonnique de 1812.

Il s'agit en fait d'un texte qu'on trouvait, sous le titre Les Francs-Maçons - Ode, dans de nombreux recueils du XVIIIe appartenant à la famille que nous avons appelée de Jérusalem, par exemple ici dans le recueil de Lausanne, ou ici, avec une charmante gravure. Mais il s'agissait alors d'un poème et non d'une chanson. Il date certainement de la première moitié du XVIIIe et son inspiration est d'ailleurs assez voisine de celle de la cantate (1743) Les Francs-Maçons de Clérambault et - par sa référence à l'Age d'Or - de l'Apologie des francs-maçons de Procope .

Mais il a fait l'objet d'adaptations :

Le 3e couplet isolé sera repris plus tard dans L'Univers maçonnique.


                
 

   

LES FRANCS-MAÇONS,

ODE.

 

 

Air de l'Hymne à l'Amitié. (De M. Ch. Duchesne.)

 

 

Age d’or, siècle qu’on nous vante,
Temps d’innocence et d’union,
N’es-tu qu’une fable charmante,
Une agréable illusion ?
Nos aïeux, en effet plus sages,
Jouissaient-ils des avantages
Que le ciel nous a refusés ?
Si ce n’est point une imposture,
Qu’avaient-ils fait à la nature,
Pour être ainsi favorisés ?

 

 

 

Mais pourquoi traiter de prestiges
Ce qu’on nous dit de l'âge d’or ?
Ce ne sont point de vains prodiges ;
Cet heureux temps renaît encor.
Siècle de Saturne & de Rhée,
Amitié, Sagesse sacrée,
Vous revenez chez les mortels :
Un corps que la raison éclaire,
A l’abri des yeux du vulgaire,
Relève à l’envi vos autels.

 

 

 

Francs-Maçons, si dignes d’estime,
Sages que rien ne peut troubler,
Amis zélés, troupe sublime,
C’est de vous que je veux parler ;
Votre morale est pure & saine ;
L’Orgueil, cette chimère vaine,
Gémit sous vos pieds abattu ;
Toujours amis de la justice,
Vous êtes le fléau du vice,
Et le soutien de la vertu.

 

 

 

Ecoutons parler le vulgaire :
Votre auguste société
N’est, selon lui, que l’art de plaire
Par l’excès de la volupté.
Profanes, dont la bouche impure
Ose d’une telle imposture
Noircir ces hommes révérés,
Quittez ce coupable langage,
Et respectez dans chaque sage,
Un secret que vous ignorez.

 

 

 

Par quel motif, sur quel indice
Vous livrez-vous à ces soupçons ?
Est-ce dans les sentiers du vice
Qu’on voit marcher les Francs-Maçons ?
Contemplez ce peuple de Frères ;
Vous ne verrez que cœurs sincères,
Que candeur et que probité :
Est-ce donc que sous l’apparence
De l’honneur et de l’innocence
Ils couvriraient l’iniquité ?

 

 

 

Non, une amitié charitable
Est leur principale vertu ;
J’en crois ce caractère aimable
Dont chacun d’eux est revêtu.
Suspens donc, vulgaire profane,
Un langage qui te condamne
Et qu’on ne peut trop mépriser ;
Tes traits, lancés d’un bras timide,
Contre leur immortel égide
Ne frappent que pour se briser.

Les 3 strophes du texte original qui ne sont pas reprises au XIXe siècle sont la deuxième et les deux dernières. Nous les reproduisons ci-dessous à titre documentaire :

Jetons les yeux sur les annales
De ces siècles si révérés,
Les ingrats, les âmes vénales,
Etaient des êtres ignorés,
Le calme régnait sur la terre,
La discorde, la faim, la guerre
Laissoient en paix les nations :
Si ces tems sont imaginaires,
Que je me plais dans ces chimères,
Et que j’aime ces fictions ! 

Soutien d’un ordre que j’honore,
Maçons, frères pleins d’amitié,
Dans des mystères que j’ignore,
Que ne puis-je être initié !
Si le zèle pouvoit vous plaire
S’il suffisoit d’un cœur sincère
Pour être admis dans vos secrets...
Arrête présomption vaine,
Et malgré l’ardeur qui m’entraîne,
Cachons des désirs indiscrets.

 Vertueux chef d’un corps illustre,
Dont le but est d’unir les cœurs,
Toi qui ne dois ce nouveau lustre
Qu’à la pureté de tes mœurs,
C*** reçois mon hommage,
Jette les yeux sur un ouvrage
Que le sentiment a tracé ;
Un cœur charmé de tes préceptes,
Vient te l’offrir, si tu l’acceptes,
Je serai trop récompensé. 

Le vertueux chef d’un corps illustre de la dernière strophe désigne normalement le Grand-Maître, comme le confirme d'ailleurs la mention Les Francs-Maçons, Ode dédiée au Grand Maître figurant à une Table : dans ce cas, C***  serait-il Clermont

Dans une des éditions (sans doute la plus ancienne), celle-ci, qui se dit imprimée en 1748 (mais qui peut avoir recopié des textes plus anciens), on trouve plutôt D*** : pourrait-il s'agir dans ce cas (mais avec quelque retard) de Derwentwater ?

A la Lyre maçonne pour le Marquis de Gages, pp. 130-3, le titre est devenu Les Francs-Maçons, Ode au M. D. G., mais l'auteur, qui est décidément un thuriféraire quelque peu brouillon, a oublié de remplacer, au dernier couplet, C par G comme il le fait ailleurs.

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