Tous les plaisirs de la vie

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Ces pages sont les pp. 78 à 80 du chansonnier de Naudot. On retrouvera cette chanson - avec diverses modifications - dans de très nombreux autres chansonniers du XVIIIe ; voir ici à ce sujet.

On remarquera que, comme d'autres chansons du Naudot, celle-ci fait référence à des réunions qui se déroulent en mixité ; voir en particulier le couplet 5 et les expressions Icy la soeur et le frère forment tous les mêmes voeux (au 3e couplet) et Quel plaisir de voir ensemble deux sexes si bien unis (au 8e). Il est évidemment impossible de dire s'il s'agit déjà de Loges mixtes ou seulement de festivités non rituelles auxquelles soient admises les épouses et les filles. Toujours est-il que ces textes disparaîtront dans la plupart des éditions ultérieures de la chanson ; les seules qui utilisent le texte de Naudot sont (aux pp. 137-9, mais avec d'autres modifications) le Recueil de chansons pour la maçonnerie des hommes et des femmes (Recueil de Sophonople) et, avec le titre très explicite Chanson Maçonne-Mopse, le Recueil de chansons franc-maçonnes à l’usage de la loge de l’Union paru à Francfort en 1764 (pp. 61-4).

Fleury se dit l'auteur de ce texte.

 

Tous les plaisirs de la vie 
n'offrent que de faux attraits.
Et leur douceur est suivie
d'amertume et de regrets.
La seule maçonnerie
offre des plaisirs parfaits.

2e

Par la tranquille innocence
Ce séjour est habité
Du poison de la licence
Jamais il n'est infecté
Et c'est toujours la décence
Qui régle la volupté.

3e

Icy la soeur et le frère
Forment tous les mêmes voeux
Sans étude on y sçait plaire
Sans remords on est heureux,
Et nous goutons sur la terre
La félicité des Cieux.

4e

Parmy nous point de tigresse 
Point d'amis froids et glacés,
Par le feu de la tendresse,
tous nos coeurs sont embrazés,
Nous nous le disons sans cesse
Sans jamais le dire assez.

5e

Loin qu'une maman sévère,
Qu'un mary sombre et jaloux
Osent troubler le mistère
D'un amusement si doux,
Tous deux ils nous laissent faire
Et tous deux font comme nous.

6e

A cet arbre favorable
Nous devons notre bonheur,
Que sa fleur est agréable !
Ah ! que j'aime son odeur !
Mais son fruit plus délectable,
Vaut cent fois mieux que sa fleur.

7e

Fruit sacré dont l'oeil timide
Ose à peine s'aprocher
Jamais une âme perfide
A toy ne peut s'atacher,
Les coeurs que la vertu guide
Seuls ont droit de te toucher.

8e

Quel plaisir de voir ensemble
Deux sexes si bien unis
L'innocence les assemble
Elle en fait de vrais amis
Sans cette vertu tout semble
N'ofrir que d'afreux soucis.

9e

Du maître de cette loge
Chantons l'aimable douceur
Aucun frère ne déroge
Sous son Empire enchanteur
Nos vertus font son éloge
Et nos plaisirs son bonheur.

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