Fruits de la Maçonnerie

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Ces pages sont les pp. 148 à 150 de La Lire Maçonne. On trouvait déjà cette chanson au chansonnier de Naudot, mais ici les modifications sont nombreuses par rapport à ce texte initial.

La plus importante est la suppression du couplet 5, qui donnait d'intéressantes indications sur les obstacles possibles à une présence féminine.

En outre, aux couplets 3 et 7 ci-dessous, toute allusion à une présence féminine a été soigneusement gommée :

Notons aussi un détail piquant : Parmi nous point de tigresse est remplacé par Parmi nous point de tristesse.

Par ailleurs un couplet (la réponse du Maître) a été ajouté par la Lire.

On peut voir, à propos d'une autre chanson sur le même air (air désigné ici comme celui de Moi qui ne suis point revêche), que celui-ci est en fait l'air Nous vivons dans l'innocence de la scène 3 de l'acte 4 de l'opéra Jephté (1732) de Monteclair

1

Tous les plaisirs de la vie
N'offrent que de faux attraits ;
Et leur douceur est suivie
D'amertume & de regrets.
La seule Maçonnerie
Offre des plaisirs parfaits.

2

Par la tranquille innocence
Ce séjour est habité,
Du poison de la licence
Jamais il n'est infecté,
Et c'est toujours la décence
Qui règle la volupté.

 3

C'est assez que l'on soit Frère
Pour former les mêmes voeux,
Sans étude on y sait plaire,
Sans remords on est heureux,
Et nous goûtons, sur la Terre
La félicité des Cieux.

4

Parmi nous point de tristesse,
Point d'amis froids & glacés ;
Par le feu de la tendresse,
Tous nos cœurs sont embrasés,
Nous nous le disons sans cesse,
Sans jamais le dire assez.

 5

A cet Arbre favorable
Nous devons notre bonheur :
Que sa fleur est agréable !
Ah ! que j'aime son odeur !
Mais son fruit plus délectable
Vaut cent fois mieux que sa fleur.

6

Fruit sacré, dont l'œil timide
Ose à peine s'approcher,
Jamais une ame perfide,
A toi ne peut s'attacher ;
Les cœurs que la vertu guide,
Seuls, ont droit de te toucher.

 7

 Quel plaisir de voir ensemble
Des Frères si bien unis !
L'innocence les assemble,
Elle en fait de vrais Amis,
Sans cette vertu, tout semble
N'offrir que d'affreux soucis.

 8

Du Maître de cette Loge,
Chantons l'aimable douceur ;
Aucun Frère ne déroge
Sous son empire enchanteur ;
Nos vertus font son éloge,
Et nos plaisirs son bonheur.

R E' P O N S E  du  Me.
Par le Fr. de Vignoles.

A-t-on besoin de clémence ?
Où le vrai donne des loix,
Qui prescrivent la décence,
Et que chacun suit par choix ?
Qu'un Maître alors est heureux !
Il est doux & vertueux.

On trouve cette chanson également dans de très nombreux autres chansonniers du XVIIIe, par exemple (p. 163) au recueil de Lausanne, et aussi au XIXe, dans la partie francophone du Free-mason's vocal assistant paru à Charleston en 1807 (p. 201).

Il s'agit en général de la même version qu'à la Lire (sauf la réponse du Maître, qui est propre à Vignoles).

Une exception très significative figure (pp. 137-9) au Recueil de chansons pour la maçonnerie des hommes et des femmes (Recueil de Sophonople), qui reprend le texte de Naudot (avec deux différences significatives : La félicité des Cieux est remplacé par La félicité des Dieux et Point d'amis froids & glacés par Point d'amans froids & glacés.

Le Recueil de Ste Geneviève contient également (pp. 44-6) cette chanson, avec la même partition mais d'importantes variations dans le texte. Elle y comprend 6 couplets (ceux, légèrement modifiés, de la Lire, sauf le 5 et le 6), plus 3 Couplets ajoutés pour le jour de la Fête du Maître de la Loge par le Frère Timebor (ces 3 couplets figurent aussi à la Lire, mais indépendamment - à la p. 496 - sous le titre Couplets pour le jour de la Fête du Maître de la Loge et en renvoyant pour l'air à la présente p. 148).

Le recueil de la Veuve Jolly offre (pp. 57-8) une chanson qui a de nombreux points communs.

On la trouve aussi dans la Muse maçonne de 1806 (p. 89).

On la retrouvera la même année dans le recueil (destiné aux Loges d'Adoption) d'Eleusine (pp. 27-9), mais sans les couplets 3, 5 et 6 ; au couplet 4, Point d'amis froids & glacés devient Point d'ames froides & glacées et Tous nos cœurs sont embrasés devient (pour la rime, mais au mépris de la métrique !) Toutes nos âmes sont embrasées ; au couplet 7, Des Frères si bien unis devient Des Soeurs si bien unies 

Les deux premiers couplets (où les faux attraits deviennent les vains attraits) se retrouvent au n° 23 de ce carnet manuscrit.

Par ailleurs, différents airs sont cités par ces différents recueils : Votre coeur, aimable Aurore ou Moi qui ne suis point revêche ou Nous vivons dans l'innocence (qui est la marche des bergères dans Jephté de Monteclair).

La chanson a fait l'objet d'une adaptation en allemand par Schlegel, parue (avec une partition nouvelle de Scheibe) dans le Erstes Buch du Vollständiges Liederbuch der Freymäurer mit Melodien de 1776 (n° 33, p. 91).

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