La famille RIGEL

En cliquant ici, vous entendrez le début du premier mouvement, Allegro assai, du Quatuor n° 1 en sol mineur des Quatuors dialogués, op. 10, d'Henri-Joseph Rigel, interpété par le Quatuor Franz Joseph de Montréal (CD ATMA Classique ACD22348)

 

Sur ce programme du concert qui a suivi la Fête de la Paix organisée en 1801 par le Grand Orient de France, est mentionné Rigel père, mais on trouve sur une autre page la mention RIGEL père, membre, de son vivant, du Conservatoire de musique de Paris ; celui-ci est effectivement mort en 1799. Par ailleurs, l'usage d'un point-virgule (plutôt que d'une barre de séparation comme ailleurs) peut faire penser que la mention Symphonie d'Haydn ; Musique de Rigel ne désigne pas deux pièces successives, mais un arrangement de Haydn par Rigel (c'est pourtant Louis qui est connu comme arrangeur des Symphonies parisiennes)

Fétis mentionne trois Rigel : 

- Henri-Joseph (1741-1799), élève de Jomelli et Richter, venu d'Allemagne à Paris en 1768 (et ayant, sans doute alors, changé son de Riegel en Rigel), claveciniste et compositeur (de ses symphonies furent jouées au Concert des Amateurs et trois oratorios, dont la Sortie d'Egypte - interprété à de nombreuses reprises de 1775 à 1788 - au Concert Spirituel), auteur d'une dizaine d'opéras, directeur de musique au Concert de la Loge Olympique et au Concert Spirituel, professeur au Conservatoire.

- son fils aîné Louis (1769-1811), également claveciniste, compositeur de sonates (non éditées) pour le piano et d'arrangements pour piano de symphonies de Haydn.

- son autre fils Henri-Jean (1770 ou 1772 selon les sources - 1852), professeur de piano réputé, compositeur précoce (qui fut joué au Concert Spirituel), auteur notamment de 4 concertos pour piano, pianiste de la musique particulière de Napoléon. Ayant été emmené par celui-ci en Egypte, il y avait été directeur de la musique du Théâtre français du Caire.

L'identification des maçons dans cette famille constitue un écheveau difficile à démêler (peut-être un surfeur qualifié pourra-t-il y contribuer ?) :

Le Bihan (dans son ouvrage Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France) donne deux Rigel :

mais il est manifeste qu'il a ici fait une confusion : celui qu'il désigne comme Louis, mort en 1799, et maçon dès 1773 (moment où Louis n'avait que 4 ans), ne pourrait être, des trois, qu'Henri-Joseph.

Enfin, c'est à un quatrième Rigel compositeur (inconnu de Fétis), Anton (1745-1807 ; il était le frère d'Henri-Joseph, et nous n'avons aucune indication sur son éventuel passage en France), que Cotte attribue la qualité de membre de Saint-Lazare en 1773. Il ne mentionne par contre pas Henri-Joseph, pourtant membre éminent des sociétés musicales maçonniques. Mais il cite bien Louis (avec les mentions L'Olympique de la Parfaite Estime en 1786 - soit à 17 ans, ce qui n'est pas impossible à l'époque, surtout pour un fils de maçon - et l'Accord parfait sous Diane en 1789) et Henri-Jean (avec les mentions l'Accord parfait sous Diane en 1789 et aussi L'Ecossaise du Grand Sphinx en 1804).

Un Rigel était effectivement membre du Grand Sphinx en 1807 : il est mentionné en note (mais sans prénom !) dans un discours adressé à Cambacérès le 30 mars 1807, discours reproduit aux pages 77 à 89 du Tome II (ce tome est accessible sur Google-Books, derrière le Tome I) des Annales maçonniques de Caillot :

Il s'agit bien d'Henri : nous avons en effet trouvé (lots 36-40) au catalogue d'une vente publique ayant eu lieu en 2007, la mention des 3 diplômes maçonniques suivants décernés à Henri Rigel :

... et même en prime un Diplôme de Maîtresse de la Soeur Albine Duval Joyecourt Rigel née à Abbeville, de la Loge d'Adoption du Grand Sphinx à l'Orient de Paris, 1/10/1811. S'agit-il de son épouse ?

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