Cantique

pour la Loge de La Douce Union 

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Comme l'Almanach des Grâces, l'Almanach des Muses ou les Etrennes de Polymnie, les Etrennes Lyriques, anacréontiques étaient un de ces recueils annuels de poésies et chansons qui se sont multipliés à la fin de l'Ancien Régime et pendant les années suivantes. 

F.-J. Cholet de Jetphort en était l'éditeur.

Certains de ces ouvrages figurent, sous la cote Bibliothèque municipale de Lyon Chomarat 6378, dans les collections de la Bibliothèque municipale de Lyon, qui nous a obligeamment autorisé à faire usage sur ce site des clichés (crédit photographique Bibliothèque municipale de Lyon, Didier Nicole) qu'elle nous en a fournis, et que nous avons adaptés pour les mettre aux normes du présent site.

On trouve occasionnellement (c'est le cas en 1784, 86 et 88), dans ces recueils, l'une ou l'autre chanson maçonnique.

Celle-ci figure (pp. 286-8) au volume pour 1786. Le thème de l'amitié qui, en unissant les Frères et les Soeurs, leur permet de déjouer les pièges de l'Amour, est un argument souvent évoqué dans le chansonnier maçonnique du XVIIIe.

De la Loge parisienne La Douce Union, nous savons peu de choses, sinon que, selon un article de Gérard Gefen publié sur le site de la Loge d'Etudes et de Recherches William Preston, le facteur d'orgues Claude François Clicquot (1762-1801), fils du célèbre François-Henri, en fut membre et que Fauche-Borel raconte dans ses mémoires (p. 53) y avoir reçu les trois premiers grades en 1787.

 

Lalleman

Dans son ouvrage Francs-maçons parisiens du Grand Orient de France, Le Bihan signale un Pierre Lallemand (1756-?), premier clerc de notaire, comme membre de La Douce Union en 1781-3 : c'est vraisemblablement l'auteur de la présente chanson. Un Pierre Lalleman, ancien notaire est mentionné par Barbier comme auteur en 1782 d'un (quelque peu licencieux) Pot-pourri de Loth. Aux Etrennes Lyriques, anacréontiques pour 1792 on trouve également (pp. 163, 215) deux chansons signées M. L'Allemand, qui semblent bien dans le même style.

Une autre chanson sur le thème de l'Adoption (dans un recueil, également profane, où il est mentionné comme auteur de diverses chansons) le désigne également comme Monsieur Lalleman et c'est sans doute encore lui qu'on retrouve comme le Frère Lalleman à celle-ci et celle-ci, publiées en 1813 (mais qui ne sont pas nécessairement nouvelles à ce moment).

Un classique de la littérature antimaçonnique (et antisémite), l'ouvrage La femme et l'enfant dans la franc-maconnerie universelle par Abel Clarin de La Rive, le mentionne en 1894. Il signale en effet (p. 116) un Recueil de Discours et Poésies Maçonniques de la Loge la Douce-Union, publié en 1788 (il est mentionné par Kloss sous le n° 5034c, mais nous n'en avons pas encore trouvé trace), où il a trouvé l'allocution prononcée par le Frère Lalleman, en Loge d'Adoption, le second jour du douzième mois de l'an 5782, après sa nomination au grade d'Orateur de cette Loge, allocution dont il cite les extraits suivants (qui confirment bien l'enthousiasme de Lalleman pour la maçonnerie d'Adoption) :

Nous réalisons la fable du siècle d'or, trop belle pour n'être pas une chimère ; nous la réalisons ; et je n'en veux pour preuve, indépendamment des liens d'amitié qui nous unissent, que notre attachement à ce sexe qui fait aujourd'hui l'ornement de la Loge ... ... Tel est l'ascendant de ce sexe aimable, que nous lui devons à la fois nos vertus et nos plaisirs. Aussi, vous le répétai-je, c'est dans leur société que les hommes se forment, comme c'est au sein des vertus maçonniques qu'ils s'améliorent. Plaignons donc le sort des profanes que la vraie lumière n'a pas éclairés sur tant d'avantages ; tandis que d'épaisses ténèbres obscurcissent leurs yeux, unissons-nous de la plus constante amitié, et que le tableau de notre union prouve aux Chères Soeurs, nouvellement initiées, qu'en faisant leurs premiers pas dans ce temple, elles sont entrées dans le sein d'une foule d'amis et de FRÈRES. 

Le même ouvrage mentionne également (p. 129) ses vers suivants, tirés d'un Cantique pour une Loge d'Adoption, le jour de la Fête du Vénérable :

Les Soeurs fidèles,
Qu'ici nous admettons,
Sont les modèles
Que nous nous choisissons ;
Les vertus des belles,
Font celles des Maçons.

et (p. 120) ceux-ci, tirés d'un poème récité le 8.10.1786 à la Douce-Union et intitulé Portrait du vrai maçon :

Car sur le vrai Maçon les grâces ont des droits; 
Eh ! quelle âme est assez engourdie 
Pour se faire un bonheur d'échapper à leurs loix ? 
Nous leur devons celle pitié flexible 
Qu'inspirent les humains sous la peine abattus ; 
C’est la beauté qui rend le cœur sensible... 
Et quand on est sensible, on a bien des vertus. 



                         

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