Apologie des Francs-Maçons

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Ces pages sont les pp. 36 et 37 de La Lire Maçonne. Cette Apologie des Francs-Maçons figure déjà chez Naudot (pp. 58-9), mais avec les couplets dans un ordre différent, ce qui lui donne comme incipit celui du couplet (ici le 4e), Accordez nous votre suffrage, beau sexe.

La Lire propose l'air ci-dessous (qui est le même que chez Naudot) ou, en alternative, celui de la p. 44.

Les deux derniers vers du couplet 2 sont ici Il faut avoir vu la Lumière pour goûter ceux des Francs-Maçons alors que chez Naudot c'est Sexe charmant, l'art de vous plaire est l'étude des franc maçons

On remarque deux écoles pour les vers 2 et 3 du couplet 4 :

Savoir égayer la Sagesse est ici le Secret des franc maçons, alors que chez Naudot c'est le talent des franc maçons.

Au dernier couplet, on lit ici Dalila n'aurait pu le vendre : Mais elle auroit trouvé Samson au lieu de Dalila n'eût pû le surprendre Beau sexe, elle eut trouvé Samson   chez Naudot.

Chose curieuse, dans les Chansons originaires de La Chapelle, la chanson figure deux fois, chaque fois avec le même texte (celui de la Lire) et le même ordre des couplets (le premier étant Sur notre Ordre, en vain le Vulgaire) :

Il en va de même à l'édition 1747 du recueil de Lansa, mais avec un ordre des couplets différent.

L'édition 1749 de ce recueil de Lansa ne donne plus qu'une partition (l'autre que celle-ci), mais ajoute (pp. 28-9) un choeur en 5 couplets qui paraphrasent les cinq couplets du texte.

C'est avec la partition, et l'ordre des couplets comme ci-dessous que le recueil de la Veuve Jolly donne (pp. 66-8) la même chanson.

A l'exception du recueil de Sophonople, c'est en général avec le même incipit qu'ici que de nombreux recueils ultérieurs reprendront la chanson, parfois en mentionnant comme référence d'air celui de la rime et de la raison, comme le fait le Recueil de Jérusalem de 1752 (où O sexe devient Beau sexe comme chez Naudot, et où le 5e vers du dernier couplet devient Dalila n'aurait pu l'apprendre au lieu de Dalila n'aurait pu le vendre).

On la retrouve également dans la Muse maçonne de 1806, avec un changement mineur au 3e vers du 1er couplet (système au lieu de mystère - ce qui est vraisemblablement une erreur de transcription, puisque la rime n'est ainsi plus correcte).

Apologie des

 Francs-Maçons

 

Suivant cette Musique, ou sur celle de la Page 44.

 

Sur notre Ordre en vain le Vulgaire
Raisonne aujourd'hui,
Et veut pénétrer un Mistère
Au-dessus de lui ;
Loin que sa critique nous blesse,
Nous rions de ses vains Soupçons ;
Savoir égaïer la Sagesse,
C'est le Secret des Francs-Maçons.

Bien des gens disent qu'au Grimoire
Nous nous connoissons ;
Et que dans la Science noire
Nous nous exerçons,
Notre Science est de nous taire
Sur les biens dont nous jouissons ;
Il faut avoir vu la Lumière
Pour goûter ceux des Francs-Maçons.

Se comporter en toute affaire
Avec équité,
Aimer et secourir son Frère
Dans l'adversité ;
Fuir tout procédé mercenaire,
Consulter toujours la raison ;
Ne point se lasser de bien faire,
C'est la règle d'un Franc-Maçon.

Accordez nous votre suffrage,
O Sexe enchanteur !
Un Franc-Maçon vous rend hommage
Et s'en fait honneur ;
C'est en acquérant votre estime,
Qu'il se rend digne de ce Nom ;
Qui dit un ennemi du crime,
Caractérise un Franc-Maçon.

Samson à peine à sa Maitresse
Eut dit son secret
Qu'il éprouva de sa foiblesse
Le funeste effet :
Dalila n'aurait pu le vendre :
Mais elle auroit trouvé Samson
Plus discret, & tout aussi tendre
S'il avoit été Franc-Maçon.

C'est cette même version (à quelques détails mineurs près) qu'on trouve aux pp. 197-198 du Code Récréatif des Francs-Maçons.

Au XIXe également, on la trouve (pp. 6-7) à la Lyre maçonnique de 1812, avec pour l'air la référence alternative J'ai vu partout dans mes voyages ou Pégaze est un cheval qui porte : ce changement de timbre est nécessité par le remaniement du texte, qui est désormais pour chaque couplet en 8 vers de 8 pieds (alors que, à l'original, le 2e et le 4e vers ne sont que de 5 pieds). Voici ce texte, qui diffère également par le 5e vers du dernier couplet (Dalila n'aurait pu l'apprendre au lieu de Dalila n'aurait pu le vendre) :

Une chanson qui a traversé l'Atlantique

Cette chanson se trouve également, sous le titre chanson de franc-maçon, dans La Gazette de Québec du 8 mars 1770 (p. 4), et elle est de ce fait citée (pp. 121-122) dans l'anthologie la Conquête des lettres au Québec (1759-1799) (Québec, Presses de l’Université Laval, coll. La République des Lettres - Sources, 2007) éditée sous les auspices du projet Archéologie du littéraire au Québec 1760-1840 (ALAQ) qui se consacre aux premiers textes de la littérature québécoise (1759-1839) ; cet ouvrage est publié sous la direction de Bernard Andrès, avec la collaboration de Nova Doyon, Nathalie Ducharme, Benoît Moncion, Dominique Plante et Julie Roy.

Nous remercions vivement cette Société qui a bien voulu nous en communiquer le texte, que nous reproduisons ci-dessous, en indiquant en mauve les variations par rapport au texte original de la Lire maçonne.

Sur notre Ordre, en vain le Vulgaire
Raisonne aujourd’hui ;
Il veut pénétrer un mistere
Au-dessus de lui.
Loin que sa critique nous blesse,
Nous rions de ses vains soupçons,
Savoir égaier la sagesse
Fait le secrêt des Franc-maçons.

Bien des gens disent, qu’au Grimoire
Nous nous connoissons,
Et que dans la Science Noire
Nous nous exerçons :
Notre Science est de nous taire
Sur les biens dont nous jouissons ;

C’est le charmant art de vous plaire,
Fait l’étude des Franc-maçons.

Se comporter en toute affaire 
Avec équité,
Aimer, et secourir son Frere
Dans l’adversité,
Fuir tous procédés mercenaires,
Consulter toujours la raison,
Ne pas se lasser de bien faire,
C’est le plaisir des Franc-maçons.

Accordez- nous votre souffrage,
Beau-sexe enchanteur,
Tout Franc-maçon vous rend hommage,
Et s’en fait honneur.
C’est en acquérant votre estime
Qu’il se rend digne de ce nom ;
Qui dit un ennemi du crime, 
Caracterise un Franc-maçon.

Samson à peine à sa Maîtresse
Eut dit son secrêt,
Qu’il éprouva de sa foiblesse
Le funeste effet.
Dalila n’auroit pû le vendre,
Mais elle auroit trouvé Samson
Plus discrêt, et tout aussi tendre,
S’il avoit été Franc-maçon.

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