La Royale York de l'Amitié (Berlin)

 

La Loge L'Amitié, fondée en 1752 par des Français à Berlin, était devenue en 1761, par fusion avec la Loge Aux Trois Colombes, L'Amitié aux Trois Colombes, puis en 1765 la Royale York de l'Amitié après avoir initié le prince Edward Augustus, duc d'York et d'Albany, frère de George III. 

Elle se sépara ensuite des Trois Globes pour devenir à son tour Loge-Mère.

Elle avait été affiliée à la Grande Loge d'Angleterre le 24 juin 1767 sous le n° 330.

C'est dans cette Loge que Fichte prononça en 1800 ses conférences sur la Philosophie de la Maçonnerie.

Un membre très actif de cette Loge fut Claude-Etienne Le Bauld-de-Nans, qui fut longtemps son Orateur et dont ont été publiés des discours et d'intéressants chansonniers.

Dans ses commentaires à l'ouvrage de celui-ci, Le Livre fait par force, François Labbé signale (p. 194) que la Loge représente la permanence du courant rationaliste dans ce pays et qu'elle manifestera de l'intérêt pour les Illuminés de Bavière (Illuminaten). Elle se pose ainsi en antagoniste des 3 Globes, tenants de l'ésotérisme et plus proches des Illuminati.

Dans son ouvrage Le message maçonnique au XVIIIe siècle (Dervy, 2006), le même François Labbé attire l'attention sur un autre point caractéristique de la philosophie de la Loge :

Le devoir des loges serait d'aider [le peuple] à parvenir à sa majorité. C'est encore ce que prétend le vénérable de la Royale Yorck de Berlin, le Bauld-de-Nans, dans sa correspondance avec le vénérable de Mannheim, Jacques Drouin : l'activité caritative des loges ne devrait pas se restreindre à secourir ceux qui sont matériellement dans le besoin mais elle devrait aussi prendre en compte les déficits culturels et offrir à ceux qui n'en ont pas eu la chance, la possibilité d'apprendre à lire et à écrire, pour, dit-il, les soustraire à une inacceptable servitude. La Royale Yorck organise ainsi des cours de langue et de grammaire ouverts à tous.

Un couplet du cantique de Le Bauld pour la clôture de l'année confirme bien cette interprétation :

Occupés dans notre saint Temple
Du bonheur de l'Humanité,
Assurons par un sage exemple
Le règne de la Vérité.
Préparons les yeux du Profane
A se tourner vers elle un jour :
Sans la connaître ; il la condamne ;
Eclairons-le : c'est son amour.

La Loge se montre ainsi très en avance par son progressisme, car il faudra en général attendre que le XIXe siècle soit bien avancé pour noter ailleurs des initiatives semblables.

Ayant atteint en 1798 l'effectif de 800 membres, la Loge essaima en créant 4 Loges-filles, dont Pythagoras zum flammenden Stern.

On note Gürlich, Friedrich Ludwig Benda, Johann Peter Braun, Kalkbrenner et Seidel parmi ses membres.

Labbé signale également que la Loge possédait son bâtiment, un cabinet d'histoire naturelle et un jardin botanique. On trouvera ici un compte-rendu de l'inauguration de ce bâtiment, suivi du monumental discours (94 pages !) où Le Bauld fait l'historique de la Loge tout en réglant quelques comptes, particulièrement avec le Frère Z. (il s'agit de Zinnendorf).

 

ci-contre : ce bâtiment de la Royale York dans la Dorotheenstraße.

(image empruntée au site de la Loge Zur siegenden Wahrheit)

Ce diplôme daté de 1795 montre bien le caractère francophone de la Loge.

On reconnaît Minerve sur la colonne de droite.

 

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