Plus on est de fous, plus on rit
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La Collection de Cantiques de la Loge de la Paix Immortelle se termine par deux chansons n'ayant rien de maçonnique, mais qui sans doute animaient régulièrement dans cette Loge (et ailleurs ...) les festivités d'après-Tenue : la dernière est (pages 78 et 79) un Hymne Guerrier intitulé Chanson de Roland, et elle est précédée (pages 76 et 77) de Plus on est de fous...
C'est compte tenu du fait qu'elle figure à ce recueil (avec la mention musique de Fasquel, artiste de l'Académie Impériale de Musique - contrairement à une autre chanson, Fasquel n'est pas encore ici désigné comme Frère) que nous publions ici cette chanson, quoiqu'elle n'ait vraiment rien de spécifiquement maçonnique.
Ce caractère profane est d'ailleurs confirmé par le fait qu'on la retrouve ici avec le sous-titre CHANSONNETTE BACHIQUE au sujet de l'admission de plusieurs nouveaux Convives aux Dîners de la Société du Caveau (un des airs suggérés par cette édition est Tenez, moi je suis un bon homme).
Voilà en tout cas qui illustre bien la confusion souvent entretenue, sous l'Empire, entre Société bachique et Société maçonnique, comme le montre également le cas de la Parfaite Réunion ...
Plus on est de fous, plus on rit Le dicton Plus on est de fous, plus on rit se trouve déjà en 1700 dans le Retour imprévu de Regnard et il est commenté en 1718 dans le Dictionaire (sic) comique, satyrique, critique, burlesque, libre & proverbial de Le Roux.
On trouve une Ronde de table avec le même incipit dès 1760. |
Le texte est d'Armand-Gouffé. Aux dires d'Alexandre Dumas, la chanson se chantait effectivement au Caveau Moderne, dont Armand Gouffé était un des fondateurs.
Des frelons, bravant la
piqûre,
Que j'aime à voir dans ce séjour.
Le joyeux troupeau d'Epicure
Se recruter de jour en jour !
Francs buveurs, que Bacchus attire
Dans ces retraites qu'il chérit,
Avec nous venez boire et rire ;
Plus on est de fous, plus on rit.
Ma règle est plus douce et plus prompte
Que les calculs de nos savans,
C'est le verre en main que je compte
Mes vrais amis les bons vivans !
Plus je bois plus le nombre augmente ;
Et quand ma coupe se tarit,
Au lieu de quinze j'en vois trente ;
Plus on est de fous, plus on rit.
Si j'avais une salle pleine
Des vins choisis que nous sablons,
Et grande au moins comme la plaine
De Saint-Denis ou des Sablons,
Mon pinceau, trempé dans la lie,
Sur tous les murs aurait écrit :
Entrez, enfans de la Folie ;
Plus on est de fous, plus on rit.
Entrez, soutiens de la sagesse,
Apôtres de l'humanité,
Entrez, amis de la richesse,
Entrez, amans de la beauté,
Entrez, fillettes dégourdies,
Vieilles qui visez à l'esprit,
Entrez, auteurs de tragédies. . .
Plus on est de fous, plus on rit.
Puisque notre vie
a des bornes,
Aux enfers un jour nous irons,
Et malgré le diable et ses cornes,
Aux enfers un jour nous rirons.
L'heureux espoir !... que vous en semble ?
Or voici ce qui le nourrit :
Nous serons là bas tous ensemble ;
Plus on est de fous, plus on rit.
Le dernier couplet est dans le même esprit que celui de la chanson Dans leurs sombres cavernes quelques décennies plus tard.
La partition ci-dessous provient d'une page du Tome 1 de Chants et chansons populaires de la France consultable sur le site de la BNF :
La 3e édition de la Clé du Caveau donne le même air sous le n° 150, avec les titres alternatifs Plus on est de fous, plus on rit et Des frelons bravant la piqûre.
B. A., à qui nous devons le fichier que vous pouvez entendre, a également confectionné un fichier pdf qu'il a mis à votre disposition.
Bazot a composé une chanson sur le même air et le même modèle.