Souvenir d'Agape
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Cette brochure de 8 pages intitulée
SOUVENIR D'UNE AGAPE MAÇONNIQUE OFFERTE PAR Le Respectable Frère LIBORIO DURAN, DE LA NOUVELLE-GRENADE AUX Respectables Frères C. HAGERMAN, DE BORDEAUX ; RUDBECK, DE STOCKOLM ; et A. LABITTE, DE LILLE, le 25 mai 1856 PAR DECHEVAUX-DUMESNIL, Rédacteur en chef du FRANC-MAÇON.
a été imprimée à Paris en 1856 et se trouve maintenant disponible à la BNF.
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L'illustration
de la couverture semble faire écho aux vers (en grasses ci-dessous) La Liberté ne porte plus de lance,
Elle a pour arme un lumineux flambeau.
Elle semble aussi préfigurer un projet qui n'allait naître que quelques années plus tard ... Le dessinateur est probablement Auguste Haristéguy (1818-?), ouvrier lithographe, et le graveur est le Frère Louis-Henri Brévière. Le symbole du flambeau de la liberté reste de nos jours très utilisé, notamment en Belgique : |
Les personnages
Le Frère Liborio Duran de la Nouvelle-Grenade est à notre sens probablement le médecin, général et homme politique libéral Liborio Durán (1820-1882), qui fut ambassadeur en France et qui, en tant que député de l'Etat Souverain de Tolima, fut un des signataires en 1863 de la Constitution de Rionegro. Il existe un Tracé d'un Banquet d'adieu donné en son honneur le 19 juin 1858.
Nous n'avons rien trouvé sur le Frère C. Hagerman de Bordeaux, sinon qu'il peut sans doute être identifié au Frère Hagermann qui est le dédicataire du poème L'arbre de vie paru dans le n° 10 (octobre 1856) des Esquisses de la vie maçonnique suisse (p. 154) et dont l'auteur est précisément le même Dechevaux-Dumesnil.
Le Frère Rudbeck de Stockholm serait-il l'écrivain Ture Gustaf Rudbeck (1806-1876), auteur de Gonzalve et Zoraïde ou La Chute de Grenade, Drame en Quatre Actes et en prose et en 1843 d'un récit de voyage en France, Belgique et Hollande, ou le peintre Oskar Ture Gustaf Rudbeck (1829-1907), qui fut étudiant à Paris ?
Quant au Frère A. Labitte de Lille, nous n'avons rien trouvé à son sujet.
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La brochure contient 3 textes :
l'Attraction (pp. 3-4) : ce poème décrit avec lyrisme les voyages vers Paris, en bateau puis en train, de Duran et Rudbeck ;
le Dieu des maçons (pp. 5-6), qui mêle la religiosité chrétienne aux cultes conjoints de la Maçonnerie et de la Liberté ;
le Chant des Loges maçonniques (pp. 7-8)
C'est le dernier que nous avons choisi pour le reproduire ci-dessous, car c'est en fait un Hymne à la Liberté qui nous semble particulièrement caractéristique de la maçonnerie de cette époque.
C'est à bon droit que Pierre Chevallier a sous-titré l’École de l’Égalité le premier tome (consacré au XVIIIe) de son Histoire de la Franc-maçonnerie française : l’idée d’égalité est bien à ce moment un leitmotiv de la pensée maçonnique, qui dominera le chansonnier maçonnique. Mais au XIXe, ce n'est plus l'Egalité, mais la Liberté (sous toutes ses formes : de pensée, de conscience, de religion, de presse, de circulation, ...), qui jouera ce rôle dominant. Et si l'Egalité était au XVIIIe à l'usage interne des Loges, la revendication maçonnique de Liberté, au XIXe, s'exprime vis-à-vis de la Société dans son ensemble. En 1813, on chantait déjà :
Sans cesse enfin travaillons tous, mes Frères Ce bonheur implique, au XIXe, l’acquisition de nouvelles libertés au plan tant de la société (la liberté politique) que de l’individu (la liberté de pensée et de conscience). La maçonnerie, pensent un nombre croissant de maçons, a pour devoir de faire régner la liberté dans le monde, et donc de se dresser contre ceux qui la nient. On voit donc se développer au XIXe (autre exemple ici) une conception messianique, totalement absente au siècle précédent, du rôle de la maçonnerie dans la Société, et l’idée qu’elle se doit d’ensemencer l’avenir, d’être un moteur de progrès pour l’Humanité, les Etats généraux de toutes les valeurs, et l'avant-garde de la conquête de toutes les libertés, dont les maçons seront les apôtres. On trouvera sur ce site divers exemples (1, 2, 3, 4), que nous en avons trouvé particulièrement significatifs. |
Il nous semble hors de toute, vu la symétrie des refrains, que ce texte est destiné à se chanter sur l'air de la célèbre chanson de Béranger (lequel est d'ailleurs mentionné en note), La Sainte-Alliance des Peuples, qui se chante sur l'air du Dieu des bonnes gens.
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LE CHANT DES LOGES MAÇONNIQUES(').
Frères,
cette heure est à jamais bénie :
(Refrain)
Dans ce beau jour, de douce souvenance,
La Liberté, qui doit sauver le monde,
Elle a rompu lisières et lanières,
La Liberté ne porte plus de lance,
Frères, par nous, tout Franc-Maçon doit vivre.
Hommes, enfants, vieillards, que tout se lève
! Dans ce beau jour, de douce souvenance,
(1) Ce titre lui a été donné par Béranger. |
Nous avons d'ailleurs retrouvé cette chanson aux pp. 52-4 du recueil d'Orcel de 1867, sous le titre Cantique pour une Fête d'Ordre et avec une mention d'air (Du Dieu des bonnes gens) qui confirme notre interprétation ci-dessus :
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