Sur l'Union maçonnique
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L'édition la plus complète - et probablement la première - que nous connaissions de cette Ode de Crouzet est celle qui figure aux pages 178-184 du Tome VI des Annales maçonniques de Caillot.
Pierre Crouzet (1753-1811 ; voir ici une biographie détaillée) était le Directeur du Collège de Saint-Cyr, Division du Prytanée. A ce titre, il composait de très patriotiques (et militaristes) saynètes moralisantes (et napoléonolâtres), qu'il faisait interpréter par des élèves au cours des festivités et cérémonies de l'école. Il ne manquait pas de les livrer à la postérité en les faisant éditer par l'Imprimerie de la République, comme on peut le voir ici, ici (voir cette scène héroïque) ou ici (voir ce dialogue) ; l'année suivante, il se borna à un (long) discours et à un chant de guerre. On connaît également de lui un poème récité lors de la Fête donnée, le 30 mars 1807, par la Mère-loge Ecossaise de France à Cambacérès. |
L'ode comprend 18 strophes et ne porte pas de référence d'air (à l'origine, elle n'était sans doute d'ailleurs pas destinée à être chantée).
Quelques commentaires :
aux strophes 1-3, on remarquera que le chêne isolé abattu par l'orage est ici opposé, non à la souplesse du roseau comme chez le bon La Fontaine, mais, en des termes très militaires (pour rompre la ligne ennemie ...), à l'étroite solidarité de la futaie.
strophes 5 et 6 : Thésée et Pirithoüs constituent un paradigme d'amitié, de même qu'Euryale et Nisus ou qu'Oreste et Pylade. L'auteur, qui a une solide culture classique (il manie le latin aussi bien que le français), aime à faire preuve de son érudition.
la strophe 8 fait référence aux multiples récits de combattants sauvés de la mort par l'usage du signe de détresse maçonnique. Le personnage d'Agathis qui en est le héros n'est pas un personnage historique, mais un personnage fictif, ancien élève du Prytanée et protagoniste de la scène héroïque de Crouzet mentionnée plus haut.
les strophes 9 à 13 (dont on ne voit pas très bien la continuité avec l'ensemble) ont été isolées, sous le titre Isaure, romance maçonnique (et avec la mention comme air de L'amour aura soin de t'instruire, qui est le n° 555 de la Clé du Caveau), aux pages 208-10 de l'édition 1810 de la Lyre maçonnique
les couplets 15 à 18 constituent l'hommage obligatoire aux personnalités du régime : l'impératrice (strophe 16), Cambacérès (strophe 17) et (strophes 15 et 18) Napoléon lui-même, créé par le (Grand) Architecte des Cieux comme gage de son amour pour la nation française (sic ! ).
ODE,
1. Mortel, de qui le cœur superbe
2. Cependant, et l'arbre et l'arbuste,
3. Pour rompre la ligue
ennemie,
4. Sages Maçons, tel est l'emblème
5. Des maux que nous portons ensemble
6. Thésée
est dans l'ombre infernale
7. Partout le Maçon trouve un frère
8. Du Maçon, le saint caractère,
9. Au sein d'une terre étrangère,
10. Pauvres enfans !... Vivez, Madame,
11. Ah ! lui dit elle, homme sensible,
12. Elle part
; le zèle des sages
13. Isaure, après tant de souffrance,
14. Mille traits de ce noble zèle,
Que dis-je ? un souverain auguste
16. De l'adorable
Joséphine
17. Un grand Prince, dont la présence (1) S. A. S. l'Archi-Chancelier.
18. Commencez vos sacrés
cantiques ; |
Nous connaissons plusieurs éditions (partielles) de cette ode, que nous présentons ci-dessous. On peut y trouver quelques minimes différences de forme.
Sous le titre Les Bienfaits de la Maçonnerie, l'édition 1810 de la Lyre maçonnique reprend (à ses pages 81-84) ce texte, mais sans y faire figurer ni les strophes 15 à 18 ni les strophes 9 à 13 (que, comme dit plus haut, elle isole, sous le titre Isaure, romance maçonnique, à ses pages 208-10).
Comme il n'est possible de consulter sur le web que les pages 83 et 84 de cette édition, nous ignorons si toutes les autres strophes sont bien présentes, et également s'il y a une mention d'air. Signalons aussi qu'encore une autre Ode de Crouzet (sur l'air Ce magistrat irréprochable) figure au même recueil, aux pages 183-5.
Ci-dessous la dernière strophe de cette édition (la 14e du texte original) :
Mille traits de ce noble zèle, |
Le Tracé de la Saint-Jean d'Eté 5812 au Grand Orient de France mentionne que
Pendant la Chaîne d'Union pour le mot de semestre donné par le Sérénissime Grand Maître, un Frère, artiste de l'Académie Impériale, a chanté ces couplets déjà imprimés dans plusieurs recueils ; ils sont du feu Frère Crouzet.
Il s'agit des strophes 1 à 4 du texte original, avec un nouveau titre. On remarque que, au premier vers du couplet 3, la ligue ennemie est devenue la ligne ennemie.
Mais ici un air est proposé : Ce (ou le) magistrat irréprochable.
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Sur l'Union maçonnique. Air : Ce magistrat irréprochable. Mortel, de qui le cœur superbe Cependant et l'arbre et l'arbuste, Pour rompre la
ligne ennemie, Sages Maçons, tel est l'emblème |
On retrouvera une partie (couplets 1 à 4, 7, 8) de ce texte, toujours attribué au Frère Crouzet, sous le titre Bienfaits de la Maçonnerie et sans mention d'air, aux colonnes 197-8 de l'Univers maçonnique en 1835.
Ci-dessous deux des couplets (ceux manquants à l'édition précédente) de cette édition :
Partout le Maçon trouve un frère
Du Maçon le saint caractère |
Les couplets 1 à 8 seront plus tard encore reproduits (p. 157), sous le même titre Bienfaits de la Maçonnerie et sans mention d'air (ni même d'auteur cette fois), par Auguste Neyen dans son ouvrage La Franc-Maçonnerie expliquée par un ami de la Vérité.
Ci-dessous deux des couplets (ceux manquants à l'édition précédente, i. e. 5 et 6) de cette édition :
Des maux que nous portons ensemble
Thésée est, dans l'ombre infernale, |
Ce sont les mêmes 6 couplets que dans l'Univers maçonnique, mais dans un ordre un peu différent (inversion des couplets 7 et 8) et avec les mêmes titre et mention d'auteur, reproduira le recueil d'Orcel à ses pp. 136-138. A l'avant-dernier vers du couplet 7, Sur l'Orénoque et le Bosphore y devient Sur l'Océan ou le Bosphore.