Chanson pour les Loges de Dames

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Cette chanson n'est en fait qu'une version différente de celle-ci.

Les deux premières éditions que nous en connaissions (sans que nous puissions déterminer laquelle est la plus ancienne) sont :

Nous l'avons retrouvée (p. 58) en 1775 dans l'ouvrage L'adoption ou La maçonnerie des femmes et (pp. 215-6) au chansonnier lausannois de 1779 (c'est cette version qui est reproduite ci-dessous) , mais nulle part ailleurs jusqu'à présent. Avec quelques modifications (particulièrement dans les premiers vers), elle se retrouvera cependant au siècle suivant.

Elle est destinée aux Loges d'Adoption, ce qui se traduit par l'emploi du mot lampes au lieu de canons pour désigner les verres.

A table ... en Loge d’Adoption 

Tout comme les Loges masculines, les  Loges d’Adoption se sont défini un vocabulaire spécifique pour les Tenues de Table. En voici quelques termes :

Vocabulaire profane Vocabulaire spécifique
verre lampe 
boire  souffler la lampe
le vin  l’huile rouge ou blanche
l'eau l’huile blanche ou faible
bouteilles  cruches

remarque : au 4e grade elles prennent le nom de Gomor, nom d’une mesure des Israëlites qui contenait la quantité de Mâne que chacun devait ramasser le matin dans le désert (on voit que l'inflation de termes bibliques n'a pas plus épargné les Hauts Grades de la maçonnerie d’Adoption que ceux de la maçonnerie masculine ...)

table  Atelier
serviette Tablier
assiette Patère
plat Auge
pain Manne ou Pierre blanche
vin de liqueur Huile forte
 liqueur Huile fulminante;
sel Eau sèche

Le fait que les Loges d'Adoption soient censément mithridatisées par leur ingénuité contre les dangers et poisons de la mixité fait l'objet du second couplet. 

Même s'il est ici admis plutôt que d'être chassé comme dans d'autres chansons, le turbulent petit dieu d'amour n'y causera donc ni alarme ni dommage ...

Chanson

 

Sur l'air : Vous qui du vulgaire stupide.

pour les Loges de Dames

 

Qu'au loin le noir chagrin décampe
A l'allégresse ouvrons nos cœurs,
Que chacun remplisse sa lampe
Pour fêter nos aimables sœurs.

            Brillez, lampes, brillez pour elles,
Et qu'à l'ardeur d'un feu si beau
Le petit dieu brûle ses ailes
Et qu'il allume son flambeau.

 

 

Ailleurs s'il cause des allarmes,
Il n'a pour nous que des douceurs,
Nous ne craignons rien de ses armes
Ni de ses aveugles fureurs ;
Troupe heureuse, troupe ingénue ;
Ses traits sont ici sans poison,
Il n'est plus privé de la vue,
Il a les yeux de la raison.

 

Voir l'air Vous qui du vulgaire stupide.

L'édition de L'orateur franc-maçon est la seule qui donne un autre air : On ne s'avise jamais de tout, de l'opéra-comique de ce nom ; vu la métrique, il s'agit sans doute de l'air Je vais te voir, charmante Lise.

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