Couplets chantés par un Frère
dans une
Loge d'Adoption

A la fin du volume 2 d'un Nouveau Recueil de Chansons choisies avec les airs notés, recueil (profane) paru à Genève en 1785, nous avons trouvé (pp. 224-5) ces Couplets chantés par un Frère dans une Loge d'Adoption.

On les retrouvera dans une édition 1787 du premier volume du Recueil précieux de la Maçonnerie Adonhiramite et, au siècle suivant, en 1806 dans le recueil d'Eleusine (pp. 14-15), dans le Code Récréatif des Francs-Maçons (pp. 233-4), dans l'édition 1809 du Manuel des franches-maçonnes ainsi qu'à la Lyre maçonnique pour 1809, et encore (sous le titre Le nombre cinq, sans mention d'auteur et avec la référence d'air voulez-vous me faire chanter) aux pp. 117-8 du Nouveau Code récréatif des Francs-Maçons.

Ils sont suivis dans le présent recueil d'un Cantique chanté par une Soeur dans une Loge d'Adoption.

Le signataire est Barré, qui fut notamment membre de La Candeur, ce qui explique peut-être (malgré l'absence de majuscule) l'expression en ce temple divin où candeur nous rassemble.

Il s'agit d'un léger marivaudage bien dans le style du temps.

C'est sans la moindre vergogne qu'Abraham se présente comme l'auteur d'un texte, qui en est une version à peine modifiée, aux pp. 72-3 du volume 2 de son Miroir de la Vérité, sous le titre Cantique chanté au Banquet d'Adoption de la Loge des Élèves de la Nature, le 10 messidor an IX. Mais, comme il remplace tous les vers de 6 pieds par des vers de 8, il est obligé de changer d'air et donne pour référence Jeunes amans cueillez des fleurs.

Mais il s'excuse de cette usurpation en publiant dans un numéro ultérieur un Avertissement du rédacteur :

Il est de mon devoir de rectifier une erreur commise par l'imprimeur à la première feuille de la IIIe livraison, page 72. J'ai chanté le cantique sur le nombre cinq au banquet d'adoption de la Loge des Elèves de la nature, le 10 messidor an 8 au lieu de l'an 9. Je désavoue formellement ce cantique comme venant de moi, et n'aurais pas ainsi figuré dans mon ouvrage, sans une maladie que je viens d'essuyer, et qui ne me permit pas alors de corriger ni la première ni la seconde épreuve de cette livraison.

       

Version originale (ci-contre)

Couplets 

chantés par un Frère dans une Loge d'Adoption.

Air : Vous voulez me faire chanter.

LE nombre cinq est en ces lieux
Le nombre qu'on préfère,
Oui, mes Sœurs , il offre à nos yeux
Une leçon bien chère,
Il dit, en ce temple divin , 
Où candeur nous rassemble :
Comme les cinq doigts de la main ,
Soyons unis ensemble.

Nous avons beau nous concerter,
Dans cette conjoncture ; 
On fait en vain, pour vous charmer, 
Les cinq sens de nature. 
Le sens des yeux a tant d'appas,
Pour qui fixe les vôtres,
Que nous pourrions, sur ces climats 
Oublier les quatre autres.

Par cinq fois se donne un baiser ; 
Ce point ci m'embarrasse , 
Je ne sais comment le placer ; 
Instruisez-moi de grace ; 
Sur chaque joue un, c'est bien deux , 
Si j'en crois mon barême : 
Deux autres vont chercher les yeux , 
Où placer le cinquième ?

                                   Barré

Version d'Abraham

 Cantique

 chanté au Banquet d'Adoption de la Loge des Élèves de la Nature, le 10 messidor an IX.

Air, Jeunes amans cueillez des fleurs.

LE nombre cinq est en ces lieux
Un nombre sacré qu'on préfère ;
Tendres Sœurs, il offre à nos yeux
Une leçon, aux Maçons, chère :
Il dit en ce Banquet divin, 
Où l'amitié nous rassemble.
Comme les cinq doigts de la main,
Ne cessons d'être unis ensemble.

Nous avons beau nous concerter
Dans cette douce conjoncture ; 
On fait en vain, pour vous charmer, 
Toujours les cinq sens de nature. 
Le sens des yeux a tant d'appas,
Pour celui qui fixe les vôtres,
Que nous pourrions sur ces climats 
Oublier enfin les quatre autres.

Par cinq fois se donne un baiser, 
Mes Sœurs , ce point-ci m'embarasse, 
Je ne sais comment le placer. 
Ah ! daignez me guider de grace ; 
Sur chaque joue un, c'est bien deux, 
Si je consulte mon Barême ; 
Deux autres vont chercher les yeux, 
Où placerai-je le cinquième ?

  Par le Frère Abraham, Vénérable

Ce recueil renvoie pour l'air vous voulez me faire chanter au n° 58 de son premier volume :


Une version différente de cet air est donnée par la Clé du Caveau (3e édition) sous le n° 651.

Et on trouve encore une autre version aux pp. 235-6 du Tome 6 d'un Nouveau recueil de chansons choisies de 1732.

Pour sa part, la Lyre de 1809 propose comme air Philis demande son portrait

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