Charles-Louis Hanssens

En cliquant ici, vous entendrez le début du 3e et dernier mouvement (allegretto) de son Concerto pour violon, interprété par Paul Klinck, accompagné par l'orchestre PKP dirigé par Daniel Gazon (CD PKP 006)

 

Neveu de Charles-Louis-Joseph Hanssens (1777-1852), lui-même compositeur et maçon, Charles-Louis Hanssens (1802-1871), né à Gand, fut, dès l'âge de dix ans, deuxième violoncelle au Théâtre national d'Amsterdam, où il devint chef d'orchestre dix ans plus tard. Il vint en 1824 à Bruxelles, ville où, après des séjours en Hollande, à Gand et à Paris, il allait définitivement s'installer quelques années plus tard et devenir en 1848 chef d'orchestre à la Monnaie.

C'était un homme de caractère, dont, selon Fétis (dans sa Biographie universelle des musiciens), la conscience inflexible ne transige point avec les fantaisies de la mode.

On lui doit 8 opéras, dont Le siège de Calais (1861) et Marie de Brabant (non publié), 15 ballets, de la musique chorale, un Requiem (1837), de la musique symphonique, concertante et de chambre. Il ne s'est jamais préoccupé de faire éditer ses oeuvres.

Il créa une caisse de pension, l'Association des Artistes-musiciens

Initié à la Loge gantoise La Félicité Bienfaisante, il fut affilié en 1862 aux Vrais Amis de l'Union et du Progrès Réunis avec la qualité de membre honoraire et la mention 18e.

Nous l'avons retrouvé comme compositeur de deux oeuvres maçonniques:

- une cantate (1845) en Hommage à Eugène Defacqz

- la cantate (1866) pour l'Hommage funèbre à Léopold Ier de Belgique, Aux Mânes d'un Frère qui fut Roi.

Voici ce qu'en dit Fétis dans son Tome 4 :

HANSSENS (Charles-Louis), né à Gand, le 10 juillet 1802, ne doit qu'à lui-même, à son heureuse organisation, et aux études qu'il a faites sous sa propre direction, le talent qu'on remarque dans ses compositions. Dès ses premières années il suivit ses parents en Hollande, s'y fixa et y passa sa jeunesse. En 1812 il entra comme deuxième violoncelle au Théâtre National d'Amsterdam, quoiqu'il ne fût âgé que de dix ans. Devenu chef d'orchestre du même théâtre en 1822, il écrivit la musique d'un opéra-ballet hollandais en 2 actes : l'ouvrage fut bien accueilli, et eut 14 représentations. Il avait demandé pour prix de sa composition 500 florins ; mais l'administration du théâtre ne voulut lui en accorder que 200 ; irrité de cette injustice, M. Hanssens donna sa démission, et se rendit à Bruxelles, en 1824. Une place de violoncelliste était vacante au théâtre de cette ville : elle lui fut donnée. Six mois après il composa une cantate pour un concert au bénéfice des Grecs ; le succès de cet ouvrage fit connaître son mérite, et lui fit obtenir l'emploi de second chef d'orchestre. En 1827 un concours ayant été ouvert pour le choix d'un professeur d'harmonie à l'école royale de musique de Bruxelles, M. Hanssens écrivit une symphonie que Cherubini fut chargé d'examiner, et qui obtint le prix. La révolution belge de 1830 ayant fait fermer à la fois le théâtre et l'école royale de musique, le jeune compositeur fut obligé de chercher une nouvelle position ; il retourna en Hollande, et y écrivit des opéras, des symphonies, et des ouvertures. Appelé à Paris en 1834 pour y prendre la place de premier violoncelle solo au théâtre Ventadour, il quitta cette position au bout de trois mois, pour celle de deuxième chef d'orchestre et de compositeur du théâtre. Il écrivit dans la même année les deux ballets de Robinson et de Fleurette. Une sorte de fatalité semblait poursuivre cet artiste, car la banqueroute de l'entreprise du théâtre, en 1835, l'obligea de retourner de nouveau en Hollande, où il devint directeur de musique à l'Opéra français de La Haye. Vers le même temps, ses amis lui donnèrent le conseil d'envoyer une de ses compositions à l'Institut de Hollande ; ce fut un Te Deum composé en 1834 qu'il choisit ; cette compagnie savante fit à son œuvre l'honneur de le publier à ses frais, et accorda une somme considérable à son auteur. 

De retour à Paris, en 1835, M. Hanssens y vécut sans emploi pendant près d'une année. Malgré les ennuis d'une position d'autant plus pénible qu'il avait à pourvoir aux besoins de sa femme et de plusieurs enfants, et quoique sa santé ne fût pas bonne, il écrivit en peu de temps un concerto de violon, un de violoncelle, deux de clarinette, une symphonie concertante pour violon et clarinette et une valse à grand orchestre. Enfin, le gouvernement belge se souvint d'un artiste dont le talent honore son pays, et lui demanda une messe de Requiem dont le prix aida M. Hanssens à se tirer d'une si fâcheuse situation. Ce bel ouvrage, exécuté à l'église Sainte-Gudule de Bruxelles, le 23 septembre 1837, a prouvé que son auteur peut se placer au rang des plus habiles de son époque. Appelé à Gand, en 1836, pour diriger la musique du Casino et l'orchestre du théâtre, M. Hanssens y augmenta sa réputation par la composition de quelques bons ouvrages. Quelques années plus tard il a succédé à Snel dans la direction de la musique de la société royale de la Grande-harmonie, à Bruxelles, puis il a été chargé des fonctions de chef d'orchestre du théâtre royal. Au moment où cette notice est revue (1861), il occupe encore ces deux positions. Sous son inlluence, et avec son active coopération, s'est fondée l'Association des artistes musiciens de Bruxelles pour une caisse de retraite, laquelle donne des concerts dont il dirige l'orchestre. Artiste dévoué à l'art, y plaçant toutes ses affections, et presque étranger au monde dans lequel il vit, M. Hanssens est du très-petit nombre de ceux dont la conscience inflexible ne transige point avec les fantaisies de la mode. L'art, selon lui, n'est point l'art qu'on admire, qu'on applaudit, mais l'art qui est beau selon sa conviction, en dépit du peu de succès qu'il peut avoir. Il écrit pour se plaire, non pour obtenir des applaudissements ; son indifférence est même si complète sur ce dernier point, qu'il n'a fait imprimer qu'un petit nombre de ses ouvrages. Son habileté dans l'art de tirer des effets des instruments est digne des plus grands éloges ; sa messe de Requiem est sous le rapport de la variété des effets un des plus beaux ouvrages de l'époque actuelle. ...

Le dernier grand ouvrage composé par M. Hanssens est le Siège de Calais, grand opéra représenté au mois d'avril 1861, au théâtre royal de Bruxelles. M. Hanssens est chevalier de l'ordre de Léopold, et membre de l'Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique.

et dans son Supplément :

HANSSENS (Charles-Louis), est mort à Bruxelles le 8 avril 1871. Cet artiste était né à Gand, alors placée sous la domination française, le 23 messidor an X de la République, c'est-à-dire le 12 juillet 1802, et non le 10, comme il a été dit par erreur. Il est difficile, ou, pour mieux parler, impossible de dresser une liste complète et détaillée des oeuvres de ce compositeur fécond, car lui même n'en prenait que peu de souci. Les compositions de Hanssens, dit M. de Burbure, n'étaient guère exécutées que dans quelques villes de la Belgique et de la Hollande : il n'eut jamais assez de souci de la publication ou de la propagation de ses ouvrages... Hanssens, après avoir conçu le plan et donné tous ses soins à la composition d'une ouverture, d'un concerto, d'une symphonie, d'un grand opéra même, bornait son ambition à en désirer entendre l'exécution dans de bonnes conditions, ne fût-ce qu'une ou deux fois. Puis, ne s'en préoccupant plus, les abandonnant en quelque sorte, il ne songeait plus qu'à en écrire de nouveaux, négligeant de donner à leurs aînés la publicité de la gravure qui eût mis les connaisseurs en état de mieux en approfondir les beautés ou d'en signaler les défauts...

Très-hostile, par tempérament intellectuel, à la musique française et à la musique italienne, Hanssens sentait toutes ses sympathies artistiques se tourner du côté de l'Allemagne, dont il admirait le génie musical, bien que ce génie soit aujourd'hui singulièrement troublé et affaibli. Comme compositeur, il manquait essentiellement d'originalité, mais non de force, de grandeur et de puissance. Hanssens a été, de 1848 à 1869, chef d'orchestre du théâtre de la Monnaie de Bruxelles, et pendant trois années, de 1851 à 1854, il en fut le directeur. Ses qualités de chef d'orchestre étaient très-réelles : il avait pour lui la flamrne, l'expérience et la décision ; mais dans ses dernières années d'exercice, il était inférieur à lui-même ; j'eus l'occasion, en 1868, de le voir diriger deux ouviages importants, et je remarquai qu'il n'avait plus ni précision, ni énergie.

Dès 1845, et lorsqu'une classe des beaux-arts fut créée et ajoutée aux autres divisions de l'Académie royale des sciences et des lettres de Belgique, il avait été nommé, par arrêté royal, un des cinq membres effectifs de la section de musique, en même temps que Fétis, de Bériot et M. Vieuxtemps.

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