A la Gloire de l'Ordre

Cliquez ici pour entendre  le fichier midi de cette partition, séquencé par Christophe D.

Cliquez ici pour entendre l'original de cet air, interprété par Sébastien Droy et Sophie Marin-Degor avec le Sinfonietta de Lausanne dirigé par Jean-Claude Malgoire (double CD Dynamic CDS 509/1-2)

 

Cette chanson se trouve dans la Sammlung éditée en 1777 par la Loge des Trois Globes. Celle-ci s'était érigée en Mère-Loge des Loges qu'elle avait fondées, celles dont le nom est évoqué comme le sien en capitales dans le texte : la Concorde, l'Amitié, l'Etoile Flamboyante, les Trois Séraphins et le Silence aux Mains fermées.

ALLUSION 

Aux Noms Des Six Loges Réunies 

De Berlin.

 

 Jamais, jamais ne passera la gloire
De l'Ordre qui conduit nos pas :
Toujours, toujours fleurira sa mémoire
Et sa splendeur & ses appas.
Tant qu'on verra soleil & lune & terre,
Que ces
TROIS GLOBES dureront,
Aussi longtemps dans la lumière
Les vrais Frères chemineront.

 

Soyons unis d'une chaîne confiante
Par la
CONCORDE & L'AMITIE
Nul n'éteindra L'
ETOILE FLAMBOYANTE
Qui brille à chaque Initié,
Trois SÉRAPHIMS défendent nos entrées
Contre l'effort des curieux,
Et le
SILENCE AUX MAINS FERMEES
Nous soustrait aux profanes yeux.

Quelques années plus tard, la même chanson figure (sans titre) aux pp. 306-7 du chansonnier des Trois Globes. Mais cette fois-ci, les noms de Loge sont en italiques plutôt qu'en capitales. Plus curieux, il n'y a plus que 5 Loges dans ce cas : "l'Amitié" n'est pas en italiques. L'explication en est simple : L'Amitié, fondée en 1752, était devenue en 1765 la Royale York de l'Amitié et s'était (à la fin des années 1760 si nos informations sont exactes) séparée des Trois Globes pour devenir à son tour Loge-Mère. Cet événement est pourtant bien antérieur à 1777 : pourquoi en 1777 est-elle encore mentionnée comme dépendant des Trois Globes ?


Pour ce qui concerne les 4 autres Loges satellites, nous avons pu les identifier ; elles existent toujours, évidemment sous leur nom allemand

La gravure ci-dessous se trouve à la p. 312 du chansonnier.

Elle représente les bijoux des Loges de l'Obédience, celles mentionnées dans la chanson.

Nous en avons représenté ci-contre les détails, ainsi que les images figurant sur les sites de 3 des Loges actuelles.

La Loge la Concorde (actuellement Zur Eintracht) a été fondée en 1754
l'Etoile Flamboyante (actuellement Zum Flammenden Stern) a été fondée en 1770 comme Loge militaire

La Loge Zu den drei Seraphim (aux Trois Séraphins), fondée en 1774 sous le titre de Loge françoise Frédéric aux Trois Seraphins, est mentionnée dans Palingenesien de Jean-Paul Richter et existe toujours. Concialini, Ambrosch, Schmidt et Wilhelm Friedrich Ernst Bach en furent membres.

Il semblerait que cette médaille représente, sous une équerre, un maçon taillant un bloc de pierre. Mais il est possible d'y déchiffrer la devise amicitia maxima divinaque fundatur silentio (la plus grande divine amitié est fondée sur le secret) : c'est celle de l'actuelle Loge berlinoise Zur Verschwiegenheit (le Silence), qui exista de 1775 à 1809 (voir ici, p. 169) sous le nom Zur Verschwiegenheit mit den drei verbundnen Händen (le Silence aux trois mains liées) : c'est celle désignée dans la chanson comme le Silence aux Mains fermées.

On retrouve cette chanson (p. 409), sous le titre A la gloire de l'Ordre et avec la même référence d'air, dans l'édition 1787 (mais pas dans les précédentes) de la Lire maçonne.

Dans cette édition 1787 de la Lire, les noms de Loges sont comme ci-dessus mis en évidence (par des capitales). Mais le mot l'Amitié y est également en capitales. Il faut donc conclure que la Lire a purement et simplement recopié l'édition 1777.

La Muse maçonne l'a d'ailleurs reprise en 1806 (p. 232), avec les mêmes titre et référence d'air. La même année, elle sera recopiée de là dans le recueil d'Eleusine (p. 95). 

L'air

L'édition 1777 donne - de même que la suivante - pour référence d'air : Sur l'air du Vaudeville : Je vous obtiens &c. dans la Comédie lyrique Tom-Jones.

Cet air Je vous obtiens est effectivement un air (acte 3, scène 7) du Tom Jones de Philidor (1763) sur un texte de Poinsinet, dont voici (à droite) la partition :

 

Le livret de Poinsinet avait été peu apprécié : en 1766, Sedaine l'avait remanié (cependant que Philidor revoyait la partition). L'enregistrement que vous pouvez entendre utilise cette seconde version (alors que la partition ci-contre est celle de la première). 

De ce fait, la partie du texte (chantée par Tom Jones), après mon bienfaiteur, est remplacée par une réplique de Sophie :

En reprenant sa première innocence,
Mon coeur qui est à toi pour toujours
Jouit aussi de sa constance
C'est le triomphe de l'amour.

On remarque que la métrique correspond (10/8/10/8/10/8/8/8).

Une autre chanson de ce site utilise également cet air, ainsi que celle-ci.

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