Le baiser fraternel

Malgré la popularité de l'air d'origine, il n'en existe à notre connaissance pas d'enregistrement dans le commerce (merci d'avance à qui pourrait démentir !). Nous n'en avons trouvé qu'un enregistrement anonyme : cliquez ici pour en entendre le début.

Même s'il n'existe aucune certitude que le liégeois Grétry ait été maçon, son air célèbre Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ? (tiré de sa comédie musicale Lucile de 1769, livret de Marmontel ; Vieuxtemps s'en est inspiré dans son 5e concerto pour violon ; anecdote : d'aucuns ont proposé naguère d'en faire l'hymne wallon : Où peut-on être mieux qu'en notre Wallonie ?) a toujours connu un énorme succès dans les Loges.

C'est ainsi par exemple que :

L'air de Grétry avait également été utilisé, lors de la Tenue solennelle du 22 juin 1799 (actant la fusion des deux Obédiences ayant survécu à la Révolution), pour une chanson à la gloire de la réconciliation nouvelle.

Une partition en est visible aux pages 300 à 305 de l'ouvrage (1838) de Damour, Burnett et Elwart, Études élémentaires de la musique depuis ses premières notions jusqu'à celles de la composition ; voir ici la partition originale.

Nous en avons trouvé une version maçonnique aux pages 216 et 217 du Tome VII des Annales maçonniques de Caillot. Elle conclut le poème scénique Vénus maçonne du Frère Jean-Louis Brad. Nous reproduisons ci-dessous (dans la colonne de gauche) une autre édition, celle de 1835 dans le n° 1 de L'Univers maçonnique (colonne 94). 

Voici le refrain, comparé à celui du texte original :

Où peut-on être mieux
Qu'au milieu de ses Frères ?
Douce amitié, présent des cieux,
Sois le lien de nos mystères.
Embrassons-nous toujours à qui mieux-mieux.
Où peut-on être mieux
Qu'au sein de sa famille ?
Tout est content, le cœur, les yeux.
Vivons, aimons, comme nos bons aïeux.

On trouve également ce cantique (mais sans le refrain !) aux pp. 12-13 de l'édition 1811 de la Lyre maçonnique, avec comme référence d'air Je ne suis plus de ces vainqueurs. Brad y est désigné comme Chevalier Ecossais à l'Orient de Grenoble. Le texte de cette version alternative est reproduit dans la colonne de droite ci-dessous


       

LE BAISER FRATERNEL.

CANTIQUE.

Air : Je ne suis plus de ces vainqueurs.

Des baisers qu'offrent les amours
La douceur sans doute est suprême ;
Mais ces baisers, fruit des beaux jours,
Passent comme les beaux jours même ;
Sur l'aile rapide du temps, 
S'échappe leur saveur légère ;
Il faut pour les rendre constans,
Les unir aux baisers d'un frère.

Aux doux baisers de l'amitié
Qu'avec plaisir on s'abandonne !
Mais que l'on est mal appuyé
Quand la trahison nous les donne !
De tous ces baisers, la douceur
Presque toujours est mensongère ;
Il faut, pour fixer leur valeur,
Les unir aux baisers d'un frère.

Heureux baisers, qui de nos cœurs,
Formez les chaînes éternelles,
Des amis, liens enchanteurs,
Doux charmes des amans fidèles ;
Baisers d'Amour et d'Amitié,
Pourriez-vous embellir la terre,
Si vous n'étiez pas de moitié
Dans les baisers que donne un frère !

Par le Frère Louis BRAD,

Chevalier Ecossais à l'Orient de Grenoble.

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