Le baiser fraternel
Malgré la popularité de l'air d'origine, il n'en existe à notre connaissance pas d'enregistrement dans le commerce (merci d'avance à qui pourrait démentir !). Nous n'en avons trouvé qu'un enregistrement anonyme : cliquez ici pour en entendre le début.
Même s'il n'existe aucune certitude que le liégeois Grétry ait été maçon, son air célèbre Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ? (tiré de sa comédie musicale Lucile de 1769, livret de Marmontel ; Vieuxtemps s'en est inspiré dans son 5e concerto pour violon ; anecdote : d'aucuns ont proposé naguère d'en faire l'hymne wallon : Où peut-on être mieux qu'en notre Wallonie ?) a toujours connu un énorme succès dans les Loges.
C'est ainsi par exemple que :
le 23 juillet 1799, lors de l'installation de la Loge militaire de L'Egalité Triomphante par la Loge briochine de La Vertu Triomphante, il est rapporté (cfr. pp. 4 et 42 du Tracé) que, à l'entrée dans le Temple, l'harmonie fait entendre l'air Où peut-on être mieux, air qui sera rejoué à la fin du Banquet pour être ponctué d'une triple batterie et couronné par une chaîne d'union
le 17 février 1798, on peut lire à la Planche tracée de l'inauguration de la Loge des Amis Philanthropes que l'exécution de cet air a accompagné le délicieux et muet épanchement de la plus pure joie
le 29 juin 1803, on peut lire à la Planche de la Fête de l'Ordre à la Parfaite Réunion que une harmonie expressive et sentimentale a fait entendre cet air sublime, toujours vrai pour des maçons : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille ! c'était l'expression de nos coeurs.
au Tracé de la fête de la Concorde célébrée à Bruxelles, le 13 octobre 1808, par la Loge la Candeur, on peut lire que : M. Borremans, directeur de l'orchestre du Grand Théâtre de Bruxelles, fit entendre, avec des variations savantes de la composition de son frère ... cet air chéri des maçons, auquel le temps ne fait qu'ajouter un charme nouveau : Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille.
lors de la Fête maçonnique et patriotique donnée au Général Lafayette à Paris le 10 octobre 1830, c'est encore cet air (alors même qu'il avait été considéré sous la Restauration comme un hymne national officieux saluant les souverains ... qui venaient précisément d'être détrônés !) qui accompagna l'entrée des dignitaires et encore la première santé du Banquet.
L'air de Grétry avait également été utilisé, lors de la Tenue solennelle du 22 juin 1799 (actant la fusion des deux Obédiences ayant survécu à la Révolution), pour une chanson à la gloire de la réconciliation nouvelle.
Une partition en est visible aux pages 300 à 305 de l'ouvrage (1838) de Damour, Burnett et Elwart, Études élémentaires de la musique depuis ses premières notions jusqu'à celles de la composition ; voir ici la partition originale.
Nous en avons trouvé une version maçonnique aux pages 216 et 217 du Tome VII des Annales maçonniques de Caillot. Elle conclut le poème scénique Vénus maçonne du Frère Jean-Louis Brad. Nous reproduisons ci-dessous (dans la colonne de gauche) une autre édition, celle de 1835 dans le n° 1 de L'Univers maçonnique (colonne 94).
Voici le refrain, comparé à celui du texte original :
Où peut-on être mieux Qu'au milieu de ses Frères ? Douce amitié, présent des cieux, Sois le lien de nos mystères. Embrassons-nous toujours à qui mieux-mieux. |
Où peut-on être mieux Qu'au sein de sa famille ? Tout est content, le cœur, les yeux. Vivons, aimons, comme nos bons aïeux. |
On trouve également ce cantique (mais sans le refrain !) aux pp. 12-13 de l'édition 1811 de la Lyre maçonnique, avec comme référence d'air Je ne suis plus de ces vainqueurs. Brad y est désigné comme Chevalier Ecossais à l'Orient de Grenoble. Le texte de cette version alternative est reproduit dans la colonne de droite ci-dessous
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LE BAISER FRATERNEL. CANTIQUE. Air : Je ne suis plus de ces vainqueurs. Des baisers qu'offrent les amours Aux doux baisers de
l'amitié Heureux baisers, qui de nos cœurs, Par le Frère Louis BRAD, Chevalier Ecossais à l'Orient de Grenoble. |