Musée virtuel de la musique maçonnique - Salle I : Compositeurs Maçons

Faux Frères ???

Attributions maçonniques abusives, hypothétiques ou douteuses

 

De bien d'autres musiciens que ceux auxquels nous avons consacré une page, on a dit qu'ils avaient appartenu à l'Ordre, parfois sans preuve, parfois sur la base d'indices très discutables, parfois aussi avec vraisemblance. Plus soucieux de prendre leurs désirs pour des réalités que de véritable rigueur historique, certains exégètes sont parfois tombés dans le piège du wishful thinking ...

Ce piège, nous avons cherché à l'éviter. Idéalement, ne devraient être pris ici en considération que des compositeurs dont l'appartenance à la Franc-Maçonnerie soit avérée, évidence documentaire (telle que registres de Loges) à l'appui. Cependant, beaucoup d'archives ont disparu : le temps, les guerres et les persécutions ont fait leur oeuvre ... 

Nous avons traité avec la plus grande méfiance les cas où n'existent pas de preuves indiscutables, tout en prenant cependant en considération les avis des historiens maçonniques considérés comme sérieux.

Et nous consacrons la présente page à quelques compositeurs (voir également notre page Avis de recherche) dont l'appartenance est, dans certains cas, probable, dans d'autres, incertaine, douteuse, ou même controuvée :

Louis Armstrong

Louis Armstrong est donné sur d'innombrables sites - et même, comme on le voit ci-contre, sur des First Day Covers maçonniques - comme membre de la Loge Montgomery N°18 Prince Hall Affiliation New York. Un site maçonnique américain que nous considérons comme sérieux (sauf quand, emporté par sa haine des irréguliers, il s'en prend à Voltaire et à l'esprit des Lumières) dénie cependant cette affirmation et même l'existence de cette Loge.

Comme le fait remarquer Raphael Imbert dans son passionnant ouvrage Jazz Supreme (cfr. pp. 137-8), cela n'exclut cependant pas qu'il ait pu être maçon dans une Loge non reconnue par une Obédience Prince Hall très soucieuse de se montrer aussi discriminatrice en matière de régularité que la maçonnerie blanche l'a été envers elle.

van Swieten

Gottfried van Swieten (1733-1803) fut un mécène et un compositeur amateur. Son appartenance maçonnique, quoique probable, ne semble pas établie

Beethoven

Le plus connu de ces probables faux frères est Beethoven. Nous lui avons cependant consacré une page entière, non seulement pour mentionner les éléments pour et contre la croyance en son appartenance, mais aussi pour faire place à ses oeuvres dites "maçonniques", et également pour montrer à quel point ses convictions rejoignaient celles représentatives de la Franc-Maçonnerie de son temps.

Carl Philipp Emanuel Bach

Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788) est un des plus célèbres des fils de Jean-Sébastien.

On n'a aucune indication concernant son éventuelle appartenance maçonnique, qui est généralement considérée comme peu probable, mais le fait qu'il ait écrit des musiques maçonniques justifie que nous lui consacrions une page, où nous présentons ces 12 lieder.

Daniel Gottlob Türk

Daniel Gottlob Türk (1750-1813) a écrit des musiques maçonniques, mais son éventuelle appartenance maçonnique n'est aucunement certifiée.

Nous lui consacrons donc une page.

Jean-Philippe Rameau 

 

On ne possède aucune preuve documentaire de l'appartenance maçonnique de Rameau (1683-1764). Le seul élément qui le donne à penser est qu'il a été dénoncé comme tel dans un pamphlet anti-maçonnique du violoniste Travenol. 

 

Les airs de diverses chansons maçonniques, dont le Chorus de tous les Frères pour célébrer les louanges de l'ordre, sont de Rameau mais ... cela n'est pas une preuve : dès le XVIIIe, l'usage a été d'utiliser des airs à succès pour y greffer des textes maçonniques.

Michel Blavet 

On ne possède aucune preuve documentaire de l'appartenance maçonnique de Blavet (1700-1768), célèbre flûtiste et compositeur. Certains éléments la suggèrent cependant, sans constituer des preuves: il fut actif au Concert Spirituel, société d'inspiration très maçonnique; il a été Directeur de la Musique du Comte de Clermont (qui fut le Grand Maître de la Grande Loge de 1743 à 1771); et surtout il a composé une Marche de la Grande Loge (mais celle-ci peut lui avoir été commandée par son employeur sans qu'il fût lui-même maçon).


la statue de Grétry, devant l'Opéra Royal de Wallonie à Liège

André-Modeste Grétry 

Quoique certains auteurs donnent Grétry (1741-1813) pour maçon, et qu'à Liège une Loge au moins (du Grand Orient de Belgique) porte son nom, il ne semble exister aucun indice significatif dans ce sens. Tout au plus sait-on qu'il aurait appartenu à une société musicale paramaçonnique : les Enfants d'Apollon. Son opéra-comique Lucile (1769) comprend le célèbre air Où peut-on être mieux qu'au sein de sa famille, qui faisait partie du répertoire des Loges dès la fin du XVIIIe siècle - et dont le thème a été utilisé par Vieuxtemps dans son 5e concerto pour violon.

Peter Benoit 

Quoiqu'il soit souvent cité dans des listes de compositeurs maçons, aucune preuve documentaire n'existe de l'appartenance à l'Ordre maçonnique de Peter Benoit (1834-1901). Dans le Tracé de la Tenue du 11 décembre 1852 des Amis Philanthropes, on relève une proposition d'initiation le concernant; à la Tenue du 28.12.1862, il est procédé au scrutin d'initiation de plusieurs profanes, dont lui : sa candidature est unanimement agréée. Mais "... comme il est absent, sa réception est postoposée à une prochaine Tenue". Le 1.8.1863, "... le profane Benoit, qui devait être initié, ne s'étant pas présenté, le secrétaire est invité à faire connaître au Frère Bosselet, son parrain, que l'Atelier l'a vainement attendu et que cette initiation est en conséquence remise après les vacances". Son nom n'apparaît plus par la suite, ce qui donne à penser qu'il s'est finalement désisté après avoir hésité.

portrait de Peter Benoit par Willy Steelink

Adolphe Sax 

Aucune preuve documentaire n'existe de l'appartenance à l'Ordre maçonnique d'Adolphe Sax (1814-1894). Cependant, selon l'historien Fernand Borné, un document de demande d'initiation aurait été retrouvé dans les archives de la Loge les Vrais Amis de l'Union, sans que celles-ci mentionnent de suite. D'autres suites éventuelles devraient être recherchées à Paris, où Sax se fixa en 1842.

Root 

Même s'il a composé trois chants maçonniques sur des textes de Robert Morris, nous n'avons trouvé aucune indication qui donne à supposer que George Frederick Root (1820-1895) ait pu être maçon..

Carl Goldmark 

Certains auteurs donnent Karoly Goldmark (1830-1915) comme maçon, et considèrent même son opéra la Reine de Saba comme un opéra maçonnique. Mais aucun ne donne de détails à l'appui de cette affirmation, qui n'est donc sans doute rien de plus qu'une légende ...

Puccini

Certaines des listes (parfois fantaisistes) de maçons célèbres qui abondent sur le web citent Giacomo Puccini (1854-1924), le compositeur de Tosca, La Bohême et Madame Butterfly, qui n'a pourtant rien à voir avec la maçonnerie. Il s'agit sans doute d'une confusion, malgré l'important décalage temporel, avec Niccolò Piccinni (1728 - 1800).

Même un auteur aussi réputé qu'Elisabeth Badinter commet cette erreur (p. 98) dans Mme du Châtelet, Mme d’Epinay ou l’ambition féminine au XVIIIe siècle (Flammarion 2006).

Paganini

Beaucoup de listes citent aussi, tout aussi erronément, Niccolo Paganini (1782-1840), peut-être par confusion avec un homonyme beaucoup moins célèbre, Ercole Paganini (1770-1825).

Novaro

S'agit-il d'un autre cas de wishful thinking ? L'un ou l'autre site maçonnique italien - notamment celui du Grand Orient d'Italie - fait état de l'appartenance de Michele Novaro (1818-1885), compositeur du Canto degli Italiani, mais aucun à notre connaissance ne donne d'élément justifiant cette affirmation. Merci d'avance à qui en détiendrait.

Unico van Wassenaer

Dans son ouvrage L'Invenzione della gioia, Musica e massoneria nell'età dei Lumi, Alberto Basso identifie le Van Wassenaer, Grand Maître du Grand Orient des Pays-Bas en 1752, au compositeur Unico Wilhelm Van Wassenaer (1692-1766). Cette information est reprise (p. 85) dans le numéro 2/2006 de la revue Hiram du Grand Orient d'Italie.

Dans son ouvrage The masonic muse. Songs, music and musicians associated with Dutch freemasonry: 1730-1806, Malcolm Davies montre par contre (cfr. Foreword) qu'il s'agit d'une confusion, aucune preuve documentaire n'existant de l'appartenance maçonnique d'Unico Wilhelm Van Wassenaer et le Grand Maître en question étant en fait Juste (Joost) Gérard van Wassenaer (1716-1753). A noter que Davies mentionne aussi un Frederik Hendrik van Wassenaer-Duivenvoorde (1701-1771), membre-fondateur en 1735 du Véritable Zèle à La Haye et frère du précédent, ainsi que (p. 40) un Jacob Jan van Wassenaer, musicien amateur, initié en 1745 à Francfort.

Erik Satie

Contrairement à ce que croient certains, Erik Satie (1866-1925) - que certains avaient ironiquement surnommé Esotérik Satie - n'a pas été franc-maçon; mais il fut - source probable de cette confusion - Maître de Chapelle de l'Ordre Rose+Croix (lequel n'était aucunement maçonnique) et composa pour cet ordre des musiques rituelles (voir enregistrement), avant de se brouiller avec Sâr Peladan et de fonder sa propre Eglise métropolitaine d'art et de Jésus conducteur (source : Gérard Gefen). 

Godefroid 

Dieudonné-Félix Godefroid (1818-1897) nous avait été cité, par une source sérieuse, comme maçon et membre de la Loge parisienne les Frères Unis Inséparables. Cette dernière affirmation est cependant controuvée par l'examen des archives de cette Loge (il a par contre participé à un concert philanthropique organisé par elle, ce qui ne garantit aucunement son appartenance). Dans l'attente d'une éventuelle démonstration sûre de son appartenance maçonnique (dans une autre Loge), nous ne le mentionnons plus que sur la présente page.

Jacques Brel, Léo Ferré, Georges Brassens, ... 
 

Contrairement à une légende très répandue, Jacques Brel n'a certainement pas été maçon !

Non plus d'ailleurs que Léo Ferré, parfois cité également ...

(NB : selon un correspondant du blog maçonnique, un dictionnaire des francs-maçons français a dû être retiré de la vente quelques mois après sa parution en raison d'un procès intenté à l'éditeur, gagné par sa veuve Marie-Christine FERRE aux motifs que cet ouvrage faisait état de l'appartenance maçonnique de Léo FERRE et qu'aucune trace de cette appartenance n'a pu être trouvée dans les diverses recherches demandées par la demanderesse à différentes obédiences et produites par elle).

... ni que Georges Brassens !

Ce n'est pas pour rien qu'il a chanté :

Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons.
Bande à part, sacrebleu ! c'est ma règle et j'y tiens.

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