Les Frères Unis Inséparables
La Loge les Frères Unis Inséparables naît primitivement le 1er août 1775 sous le titre distinctif de Loge Militaire des Trois Frères Unis à l’Orient de la Cour. |
Sous le règne de Louis XVI, cet Atelier est constitué à son origine par les gardes du corps de trois frères (de sang ; certains en ont déduit, de manière sans doute hasardeuse - en tout cas en ce qui concerne le Roi - que ces trois frères étaient eux-mêmes maçons) :
le Roi lui-même
Monsieur, comte de Provence (futur Louis XVIII)
Mgr le comte d’Artois (futur Charles X),
ainsi que de gens attachés à leurs Maisons respectives.
On recense Kreutzer parmi ses membres.
À partir de 1789, pendant la révolution, la Loge semble entrer en sommeil. Elle entame son réveil en 1795 et se reconstitue officiellement en 1803 sous le titre distinctif des Frères Unis à l’Orient de Paris. En 1809, son Elémosinaire le Frère Chapon compose une chanson en l'honneur du Vénérable. En 1823, une dissidence (Les Frères Unis Intimes, médaille ci-dessous), qui ne durera qu'une trentaine d'années, provoque le changement du titre distinctif en Les Frères Unis Inséparables. |
Cette loge a compté parmi ses membres, au XIXe, de nombreux musiciens - dont Meyerbeer, affilié en 1864 en tant que membre d'honneur.
Sous le Second Empire, Felix ARONSSOHN, 1801- ? (pas avant 1871), étant Vénérable sans discontinuer pendant de longues années, elle a bénéficié d'un grand prestige.
Et quand le maréchal Magnan, de profane qu'il était, devint en 1862, par un coup de baguette magique de Napoléon III, le grand maître de l’Ordre et dut donc recevoir d'un coup les 33 grades du REAA, il fallut bien qu'il se choisisse une Loge puisqu'il n'est pas de maçon sans Loge : c'est aux Frères Unis Inséparables qu'il se fit affilier, pour en devenir bientôt Vénérable d’honneur.
médailles portant les dates respectivement de 1775 et 1806 (la date mentionnée sur les médailles est plus souvent celle de la fondation que celle de la frappe). La gerbe de blé est posée sur un triangle dans la seconde, et non plus entourée de branches d'acacia comme à la première. |
La Loge tenta à cette époque de ressusciter les fastes des Sociétés de Concert du XVIIIe siècle en organisant un Concert de Loge annuel au profit de son oeuvre d'adoption d'orphelins, avec le concours de musiciens célèbres, maçons ou même (ce fut le cas en 1862 du célèbre compositeur Léo Delibes) profanes : la mention de Godefroid ci-dessous ne garantit donc aucunement son appartenance maçonnique. Ces concerts étaient de véritables événements mondains, auxquels les gazettes faisaient écho : |
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Ci-contre, un compte-rendu, par Léon Gatayes, paru dans Le Ménestrel du 3 février 1856. Ci-dessous, un compte-rendu paru dans le journal Le dimanche du 27 décembre 1857. On y trouve les noms de plusieurs musiciens, membres de la Loge, qui sont mentionnés plus bas et qui ont leur page sur notre site compositeurs maçons. |
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On lit
ce qui suit en novembre 1851 dans un article consacré par la Revue maçonnique
aux travaux du Grand Orient :
On lit encore au n° du 10 mars 1867 de la Revue et gazette musicale de Paris (p. 77) :
Selon Christine Naslin-Gaudin dans son article artistes lyriques pour l'Encyclopédie de la Franc-maçonnerie par divers auteurs sous la direction d'Eric Saunier (Pochothèque, 2000), la Loge proposait encore des matinées artistiques au début du XXe. |
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En 1875, une nouvelle dissidence (les Vrais Frères Unis Inséparables) regroupe, sous l'égide du Suprême Conseil, les membres opposés à la tendance, croissante au Grand Orient, de supprimer l'obligation de la référence au Grand Architecte de l'Univers. La Loge connaît alors des moments difficiles, pour ne se redresser qu'au milieu de la décennie 1890 et participer activement aux combats républicains de l'époque. |
Cette loge parisienne existe toujours au sein du Grand Orient de France (où elle porte le n° 3530, dans la numérotation officielle qui - contrairement à ce qui se pratique dans d'autres Obédiences - n'a rien à voir avec la chronologie) et elle a fêté en 2005 ses 230 ans d’existence.
La médaille (ci-dessus) frappée à l’occasion de son bicentenaire résume la richesse de cet héritage. Son avers reprend le premier sceau de la Loge primitive et son revers rappelle l’évolution de son titre distinctif à travers les différentes périodes (fleur de lys royale, abeille impériale, bonnet phrygien républicain) qu’elle a connues de l’Histoire de France.
Liste des Frères musiciens et artistes ayant appartenu
à la Loge Les Frères Unis Inséparables
relevés sur les Tableaux de Loge existants de 1829 à 1875 in Fonds Maçonniques FM2 79 (dossier 2) et FM2 621 (dossier 2), cabinet des manuscrits occidentaux, BNF, Paris.
Cette liste comprend, outre des hommes de lettres, peintres et sculpteurs, de nombreuses personnes dont la profession est liée à la musique, parmi lesquels beaucoup de compositeurs (15 d'entre eux font l'objet d'une page dans la salle ad hoc de ce musée virtuel).
On trouve beaucoup de leurs noms parmi ceux des sociétaires de l'Association des Artistes Musiciens.
ANDRADE Auguste LECHALLIER Antoine Joseph TASKIN Père Henry Joseph TASKIN Fils PRUMIER père Antoine LENEPVEU Frédéric Charles FERRIERE Paul Ferdinand AUMONT Henri Raymond PRUMIER Fils Antoine Ange Conrad JANCOURT Louis Marie Eugène COSTE Napoléon THYS Alphonse PETITON Victor François FLEURY Emile LINCELLES Jacques Etienne HERMANN-LEON TRIEBERT Charles Louis PANSERON Auguste Mathieu DUVERNOY Henry Louis Charles DUVERNOY Charles François LAURENT Charles GRIGNON François Hyppolite BATISTE Edouard RAVINA Henry DUFILS Léon MORELLY DELLE SEDIE Enrico MEYERBEER Giacomo DORUS Louis FRIEBERD Martin Louis KLOSÉ Hyacinthe PALERMI Ernest BRANDUS Louis Lazare |
professeur
de chant
professeur de musique professeur de piano professeur de piano professeur au Conservatoire (harpe) professeur de violon professeur de violoncelle professeur au Conservatoire (basson) professeur au Conservatoire (harpe) professeur de violon professeur de guitare professeur de musique professeur de flûte (2) professeur de musique artiste chanteur artiste de l’Opéra comique (3) professeur de Hautbois professeur au Conservatoire, compositeur professeur au Conservatoire artiste lyrique artiste musicien professeur de musique artiste lyrique professeur de musique compositeur, professeur au conservatoire professeur de piano
artiste lyrique (1) compositeur professeur au conservatoire professeur de musique professeur au conservatoire ténor aux Th. Italiens éditeur de musique |
(1) Enrico Delle Sedie (1824-1907), baryton au Théâtre Italien, auteur en 1874 d'un Traité complet de chant et de déclamation lyrique. En 1848, dans le cadre du Risorgimento, il participa comme lieutenant à des combats contre l'Autriche.
(2) Dans son article flûte pour l'Encyclopédie de la Franc-maçonnerie par divers auteurs sous la direction d'Eric Saunier (Pochothèque, 2000), Christine Naslin-Gaudin en dit ceci :
Victor François Petiton (1811-1870), professeur de flûte, initié aux Frères Unis Inséparables en 1844, Souverain Prince Rose-Croix en 1846, Grand Élu Écossais en 1850, voit son appartenance certifiée par Martin Pinon pour les années 1865-1866 (18°). Il a participé à plusieurs concerts de sa loge et du Grand Orient. Membre de l'Association des Artistes Musiciens (entré en 1843), il y fut élu jusqu'en 1870.
Il figure effectivement aux registres de la Loge avec les mentions :
Petiton, Victor François,
professeur de Flûte
26 rue Bellefond
né à Brest en 1811
initié aux FUI le 28 juin 1844
élevé au grade d'Elu Ecossais
Membre de 1844 à 1865
Associé Libre à partir de 1865.
Nous n'avons trouvé aucun indice que cet interprète ait également été compositeur, et ne lui consacrons donc pas de page.
(3) Léonard Hermann-Léon, baryton à l'Opéra-Comique, dédicataire en 1845 de Caïn maudit ou la mort d'Abel d'Onslow, créateur en 1846 du rôle de Méphisto dans la Damnation de Faust de Berlioz et en 1854 du rôle de Gritzenko dans l'Etoile du Nord de Meyerbeer :
Le Registre matricule rédigé dans les années 1880, et qui recense les membres des Trois Frères Unis, puis des Frères Unis et enfin des Frères Unis inséparables, a été conservé et certains extraits en figurent aux pages correspondantes de notre chapitre compositeurs.
Avec toute notre reconnaissance à l'archiviste des Frères Unis Inséparables, qui nous a richement documenté.
jeton de présence des Frères Unis Inséparables |