Albert Lortzing

Cliquez ici pour entendre le début d'un des lieder mentionnés plus bas, Großer Meister, dessen Allmacht (LoWV 19.1)  

 

Peu connu hors d'Allemagne, mais encore fréquemment interprété dans ce pays, Gustav Albert Lortzing (Berlin 1801- Berlin 1851), est principalement un auteur d'opéras-comiques, dont il écrivait également les textes. 

Dès 1833, il est ténor au théâtre municipal de Leipzig où seront représentés ses opéras les plus célèbres : Les deux Tireurs (1835), Le tsar et le Charpentier (1837), Le Braconnier (1842).

Ses derniers succès seront L’Ondine, opéra présenté à Magdebourg et à Hambourg en 1845, et L’Armurier, présenté à Vienne en 1846.

La révolution de 1848 lui inspira de nombreuses pièces vocales. 

Lortzing, qui eut onze enfants, connut de nombreuses difficultés financières au cours de sa vie.

On pouvait lire le 18 janvier 1908 dans le Freimaurer-Zeitung que l'appartenance à la maçonnerie a constitué pour Lortzing une part non négligeable de sa vie et qu'il est resté jusqu'au bout fidèle à la Fraternité :

Der Musikschriftsteller und beste Lortzing-Biograph, Richard Kruse, sagt: "Die Zugehörigkeit zur Loge war fUr Lortzing ein nicht unwichtiger Bestandteil seines Lebens, und bis an sein Ende blieb er dem Brbunde treu."

Un document plus récent dû à Hans-Hermann Höhmann nous donne de nombreux autres détails sur son parcours maçonnique. On y apprend qu'il fut initié à 24 ans, le 3 septembre 1925, dans la Loge aixoise Zur Beständigkeit und Eintracht et qu'ensuite il fut membre de Balduin zur Linde (1834) à Leipzig (dont Hoffmeister avait été membre).

On lui doit quelques lieder maçonniques, parmi lesquels, en 1829, une série de 8 (LoWV 19), en partie avec accompagnement de piano, pour la Loge Zum goldenen Rade (La Roue d'Or, fondée en 1806) à l'Orient d'Osnabrück :

  1. Großer Meister, dessen Allmacht
  2. Töne mein Lied
  3. So schließt euch nun
  4. Wohltätigkeit!
  5. Schwört Brüder treu
  6. Brüder hört dies Glas 
  7. Schwesternlied
  8. Kommt Brüder, trinket froh

Le grand nombre d'enregistrements disponibles de ces lieder témoigne de sa popularité dans les milieux maçonniques en pays germaniques.

Trois de ces lieder figurent au CD An der Frühling des Choeurs pour voix d'hommes de Lortzing enregistré en 2002 par la Neue Detmolder Liedertafel sous la direction de Ludger Mias pour MDG (CD 622 1105-2) :
  • Großer Meister LoWV 19, 1
  • Schwöret Brüdertreu LoWV 19, 5
  • Kommt Brüder, LoWV 19, 8 

Des extraits (plages 7, 8 et 12) peuvent en être écoutés ici.

6 des lieder du LoWV 19 - dont 2 des précédents - figurent sur un CD comprenant également des oeuvres de Mozart et de deux musiciens allemands contemporains (Heyn et Benninghoff) :

"Freimaurer-Gesänge"
édité par Kreuzberg records sous le n° kr 10 047 

(avec Bert Heller, ténor; Jörg Gottschick, baryton; Franz Wasser, piano - ainsi que, pour certains lieder, le Deutscher Freier Opernchor, le ténor Bert Heller et le corniste Joachim Völkel - enregistré le 25 mai 2000 dans le studio de la Maison de la Radio de Berlin).

• Töne, mein Lied
• So schließt euch nun 
• Wohltätigkeit! 
• Schwört Brüder treu
• Schwesternlied 
• Kommt Brüder, trinket froh 

Le CD Freimaurermusik - Texte und Kompositionen von Freimaurern zu speziellen freimaurerischen Anlässen (musique maçonnique - textes et compositions de francs-maçons pour des événements maçonniques particuliers) édité par la Loge Zur Sonne im Rechten Winkel de Mannheim contient 3 lieder de Lortzing :
  • So schließt euch nun 
  • Schwört Brüder treu
  • Großer Meister

 

Le CD Musik im Geiste der Freimaurerei contient 3 lieder de Lortzing :  
  • Töne mein Lied
  • So schließt euch nun
  • Brüder hört dies Glas

 

Le RISM mentionne certains chants maçonniques de Lortzing, par exemple :

Cette dernière oeuvre a été composée pour le centenaire de la Loge de Leipzig Minerva zu den drei Palmen et sa partition n'a été retrouvée que récemment.

Il faut également mentionner que des airs profanes de Lortzing ont été récupérés pour des chansons maçonniques, par exemple l'air Einst Spielt' Ich Mit Zepter de l'opéra Le tsar et le Charpentier utilisé pour les lieder d'incipit Zwei Sterne et Ich baute als Lehrling qui figurent sous les n°s 13 et 101 respectivement au recueil de Tschirch Liederbuch für Freimaurer-Logen.

Voici ce qu'en dit Fétis dans son volume 5 :

LORTZING (Gustave-Albert), compositeur dramatique, acteur et chef d'orchestre, né à Berlin, le 23 octobre 1803, était fils de Jean-Gottlob, marchand de cuir dans celte ville. Sa mère, Charlotte-Sophie, née Seidel, qui, dans sa jeunesse, était agréable et spirituelle, aimait à jouer la comédie dans une société d'amateurs avec son mari. Le théâtre où se donnaient les représentations de cette société s'appelait Uranie. Ce fut là que se passèrent les premières années du jeune Lortzing, et qu'il prit le goût de la scène. Admis à l'Académie royale de chant de Berlin, il y reçut de Rungenhagen les premières leçons de musique, et fit de rapides progrès sous la direction de ce maître. Lortzing n'était âgé que de neuf ans lorsque ses parents, renonçant au commerce, et s'abandonnant à leur passion pour la comédie, quittèrent Berlin, et acceptèrent un engagement au théâtre de Breslau. Dans la suite, ils jouèrent à Bamberg, Aschaffenbourg, Strasbourg, Fribourg en Brisgau, Bade, Coblence, Cologne et Aix-la-Chapeile, où leur fils remplissait les rôles d'enfant, pendant qu'il continuait ses études de musique. Il apprit à jouer du piano, du violon, du violoncelle, et la lecture des ouvrages d'Albrechtsberger et d'autres traités didactiques lui enseigna les éléments de la composition. Dans les années 1819 à 1822, Lortzing fut attaché au théâtre de Dusseldorf en qualité de ténor pour les rôles comiques : ses premiers essais de composition furent faits à la même époque. Sa voix ayant acquis du développement, il fut engagé par le directeur de spectacle Ringelhardt, en 1823, pour les rôles de premier ténor, et joua sous sa direction à Cologne et à Brunswick. Ce fut dans cette même année qu'il épousa Mlle Ahles, actrice de talent. En 1824 il écrivit son premier opéra, Ali, pacha de Janina, qui fut joué avec succès à Cologne, puis à Detmold, Münster, Osnabrück et Pyrmont, dont la direction théâtrale engagea Lortzing et sa femme en 1826. Puis ils jouèrent à Hambourg, retournèrent à Cologne en 1829, et enfin ils furent attachés au théâtre de la cour de Manheim en 1830. Lortzing y écrivit en 1832 deux petits ouvrages dramatiques, intitulés Le Polonais et son Enfant, et Une Scène de la vie de Mozart. Dans l'année suivante, Ringelhardt, qui venait de se charger de la direction du théâtre de Leipsick, engagea Lortzing pour y remplir les rôles de premier ténor des opéras-comiques. Alors commença la période la plus heureuse de la vie de l'artiste : elle s'étend depuis 1833 jusqu'en 1844 ; ce fut aussi celle de sa plus grande activité dans les travaux de la composition dramatique. Le premier ouvrage qu'il écrivit à Leipsick avait pour titre : Die beiden Tornister (Les deux Militaires), auquel on substitua plus tard celui de Die beiden Schützen (Les deux Tirailleurs) ; le sujet était pris du vaudeville français Les deux Grenadiers. Cet opéra fut représenté à Leipsick le 20 février 1837 ; il obtint un brillant succès. Dans la même année (le 22 décembre), Lortzing fit représenter au même théâtre Czar und Zimmermann (Le Czar et le Charpentier), opéra en trois actes, considéré comme son œuvre capitale, et qui obtint un succès égal dans toutes les villes de l'Allemage, ainsi qu'en Russie et en Danemark. Lortzing écrivit ensuite Die Schatzkammer des Inka (Le Trésor de l'Inca), opéra sérieux, sur un livret de Robert Blum ; mais cet ouvrage ne fut pas représenté, et, par une circonstance inconnue, la partition n'a pas été retrouvée dans les papiers du compositeur. Le 20 septembre 1839, Lortzing fit jouer la première représentation de Caramo, ou Le Harponnage, opéra romantique, qui fut froidement accueilli par les habitants de Leipsick, à cause du défaut d'intérêt du sujet ; mais le brillant succès de Hans Sachs, joué le 23 juin 1840, vint consoler le compositeur d'un échec qui d'ailleurs n'avait rien de blessant pour son amour propre. Hans Sachs avait été écrit par Lortzing pour fêter le quatrième anniversaire séculaire de l'introduction de l'imprimerie à Leipsick : les mélodies de cet ouvrage sont d'une remarquable fraîcheur. Casanova, joué le 31 décembre 1841, et Wildschütz, oder die Stimme der Natur (L'Arquebusier, ou la Voix de la Nature), d'après le Rehbock de Kotzebue, et qui fut représenté le 31 décembre de l'année suivante, achevèrent de répandre dans toute l'Allemagne la réputation de Lortzing : tous les directeurs de théâtre s'empressaient de mettre ses ouvrages en scène, et ses partitions, arrangées pour le piano, étaient recherchées par les amateurs. 

Au commencement de 1844, Ringelhardt cessa d'avoir la direction du théâtre de la ville de Leipsick (Stadttheater), laquelle passa entre les mains du docteur Schmidt. Ce fut alors que Lortzing cessa de paraître sur la scène, et qu'il accepta la position de chef d'orchestre du même théâtre. Il en prit possession le 1er août de cette même année : le premier ouvrage qu'il dirigea fut le Don Juan. Dans le même temps il écrivit Undine, opéra qui fut représenté à Hambourg dans l'hiver de 1845, puis à Leipsick et sur les principaux théâtres de l'Allemagne. Peu de temps après, Lortzing contracta un engagement avec l'entrepreneur Pockorni pour diriger, dans la capitale de l'Autriche, l'orchestre du théâtre sur la Vienne, et pour y mettre en scène son nouvel opéra Der Waffenschmid (L'Armurier), qui fut joué le 30 mai 1846, sous la direction de l'auteur. Autant la ville de Vienne lui offrait d'agrément pour les habitudes de la vie, autant il en avait peu dans ses rapports avec son théâtre. Ses lettres à ses amis sont remplies de plaintes concernant le défaut d'ordre et de convenance des représentations, ainsi que sur la pauvreté du répertoire. La perte de sa mère vint à cette époque ajouter un vif chagrin aux ennuis que lui faisait éprouver sa situation comme chef d'orciiestre d'un théâtre mal organisé. Pendant son séjour à Vienne, il écrivit son opéra en trois actes, Le grand Amiral, qui fut mis en scène à Leipsick, au mois de décembre 1847, et un autre ouvrage intitulé Regina, que des considérations politiques ne permirent pas de représenter, et dont on a retrouvé la partition parmi les manuscrits de l'auteur. Dans l'hiver de 1848 à 1849 il composa son opéra Die Rolandsknappen (Les Écuyers de Roland), qui fut représenté au théâtre de Leipsick, à la fin de mai 1849, et accueilli par des applaudissements unanimes. Cependant un chagrin inattendu vint le frapper dans cette ville, après son retour de Vienne. Il désirait y reprendre son ancienne position de chef d'orchestre du théâtre, devenue vacante ; mais pendant son absence de quelques années, Rietz s'était fait connaître avantageusement par son talent pour la direction des orchestres : ce fut lui qu'on préféra. Lortzing en eut une véritable affliction, qui lui fit prendre la résolution de s'éloigner de Leipsick pour se rendre à Berlin, où le nouveau théâtre Frédéric-Guillaume (Friedrich-Wilhelmstaedtischen Theater) venait d'être ouvert. Lortzing en fut nommé chef d'orchestre, et prit possession de ses fonctions le 18 mai 1850. Il écrivit dans la même année pour ce théâtre une ouverture d'inauguration, de jolis morceaux dans le vaudeville Eine berliner Grisette (Une Grisette berlinoise), et l'opérette Die Opernprobe (La Répétition de l'Opéra), qui fut le chant du cygne. Sa santé déclinait depuis quelque temps et sa gaieté naturelle avait fait place à la mélancolie : toutefois sa femme était loin de la pensée que sa fin fût prochaine, lorsqu'il fut frappé d'apoplexie, le 21 janvier 1851. Se sentant indisposé, il avait envoyé chercher un médecin, qui le trouva mort en arrivant. Artiste de talent, homme aimable et bon, Lortzing inspirait de l'affection à toutes les personnes qui le connaissaient ; sa perte fut généralement regrettée. De tous les compositeurs dramatiques de l'Allemagne, il fut le plus populaire. Sa pensée ne s'éleva jamais jusqu'aux grandes conceptions ; le caractère de l'originalité manque à ses ouvrages ; mais il avait le sentiment de l'effet scénique, de la mélodie ; son harmonie était facile et son instrumentation, sans être bruyante, avait de l'éclat. On ferait une appréciation exacte du talent de Lortzing en le considérant comme l'Adolphe Adam de l'Allemagne. M. Ph. J. Duringer, ami intime de cet artiste intéressant, a publié sur lui un écrit intitulé Albert Lortzing, sein Leben und Wirken (Albert Lortzing, sa vie et ses productions) ; Leipsick, Otto Wigand, 1851, petit in-4°de 126 pages, avec le portrait du compositeur. On trouve dans ce petit volume une partie de la correspondance de Lortzing. Une autre biographie de cet artiste est insérée dans le recueil de W. Neumann, intitulé Die Komponisten der neuern Zeit (Les Compositeurs des derniers temps), sixième livraison. On a aussi : Notice nécrologique sur Gustave-Albert Lortzing, compositeur de musique, par Charles Mayer ; Paris, 1852, in-8°, extraite du Nécrologe universel du dix-neuvième siècle

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